L'affaire, cocasse à première vue, aurait pu avoir de graves conséquences et a agacé de nombreux policiers. Tout démarre le mercredi 10 août 2016 à Reims. Des avocats de la ville, l'air embarrassés, se présentent au commissariat, une enveloppe timbrée à la main. Elle a été envoyée quelques jours plus tôt par des avocats associés basés, eux, à Bobigny, en banlieue parisienne.
L'enveloppe est vide, et c'est bien ça le problème : elle était censée contenir une clef USB, chargée avec une copie numérique intégrale et actualisée de l'enquête des juges d'instruction parisiens anti-terroristes sur les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher en janvier 2015.
Autrement dit des dizaines de milliers de pages d'une procédure ultra-sensible, couverte par le secret de l'instruction. Une mine d'or d'informations : des procès-verbaux de garde-à-vue, des notes des services de renseignement français, des photos de cadavres, les identités et coordonnées de témoins-clefs et d'enquêteurs, de nouvelles pistes de travail, etc...
Les avocats franciliens, chargés de défendre des victimes dans ces deux affaires, s'étaient contentés sans aucune prudence d'une banale enveloppe timbrée au tarif minimum pour envoyer la copie de la procédure à leurs confrères rémois.
Alerté, le parquet de Reims lance alors immédiatement une enquête. La police judiciaire locale va pendant 48 heures employer de grands moyens pour mettre la main sur cette clef USB, de peur qu'elle ne tombe dans de mauvaises mains. Malheureux hasard, la ville de Reims est aujourd'hui encore le fief de la famille Kouachi...
La série d'investigations va mener le 12 août les enquêteurs dans le centre de tri postal de Gonesse, dans le Val-d'Oise. Pendant 8 heures, des techniciens de La Poste vont démonter à la demande des policiers une énorme machine, chargée de trier des milliers d'enveloppes par jour. Des dizaines d'objets en tout genre sont retrouvés, cachés dans les recoins de la machine. Dans ce vaste fourre-tout, les techniciens finissent par repérer la clef USB.
La piste crapuleuse a été écartée. La clef avait sans doute été éjectée de l'enveloppe, fermée sans aucune précaution, en passant dans les puissants rouages de la machine postale. Les avocats fautifs, eux, ont été poliment priés par la PJ d'utiliser d'autres moyens d'envoi la prochaine fois...
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