dimanche 31 janvier 2016

Handicapé et menacé d'expulsion

Ancien artisan maçon, Stéphane Marty, 45 ans, souffre d'obésité morbide. Cloué chez lui, à Bach, il est aujourd'hui menacé d'expulsion pour une ancienne dette professionnelle : il la rembourse, mais pas assez rapidement.
Stéphane Marty était artisan maçon. Aujourd'hui âgé de 45 ans, il a cessé son activité depuis sept ans, quand la maladie a pris le dessus sur lui : d'abord un accident du travail en 1990, puis des troubles du sommeil («Je m'endormais n'importe où, sans m'en rendre compte»), et enfin une obésité morbide. à 180 kg, il est cloué chez lui, à Bach, dans la petite maison qu'il a lui-même construite au début des années 2000. Le conseil départemental a financé les aménagements indispensables pour qu'il puisse continuer à y vivre malgré son handicap. C'est le seul bien qui lui reste pour vivre, avec les 540 € mensuels d'allocation handicap.
Mais restera-t-il encore longtemps dans cette maison ? C'est la question que Stéphane Marty se pose depuis mardi dernier, lorsqu'un huissier est venu lui rappeler que le tribunal l'avait condamné à la saisie de ses biens.
Mais il lui reste à régler ses problèmes judiciaires, conséquence d'une malfaçon sur un de ses derniers chantiers. «Le client ayant refusé de signer la réception des travaux, l'assurance biennale et décennale n'a pas été activée», explique Stéphane Marty. En 2012, le tribunal de Cahors l'avait alors condamné à verser à son ex-client la somme de 16 000 €.
Stéphane Marty s'est engagé à rembourser ce dû, selon ses moyens, et il s'y tient : chaque mois, il verse 100 € à l'avocate de son ex-client, et a ainsi remboursé près de 4 000 €.
Un rythme qui ne satisfait pas le plaignant : à raison de 100 € par mois, son ancien maçon mettra environ 15 ans (intérêts compris) à rembourser sa dette. Il saisit donc de nouveau la justice, et obtient la saisie des biens de l'ex-maçon.

La maison aux enchères

Mardi dernier, une visite de la maison était proposée à d'éventuels acheteurs. Aucun acquéreur ne s'est manifesté. Seuls les membres de son comité de soutien étaient présents — Marie Piqué en tête. La vice-présidente du conseil régional en charge des solidarités se dit «outrée de constater une telle situation dans la patrie des droits de l'homme».
Ce qui ne veut pas dire que son propriétaire est tiré d'affaire : la vente aux enchères de la maison est programmée au 19 février, et un acquéreur peut toujours se manifester. La mise à prix initiale sera de 98 000 € — et au besoin elle pourra même être revue à la baisse (20 %).
Alerté, le cabinet de la préfète fait savoir que le dossier fait l'objet de toutes les attentions. La situation de Stéphane Marty sera étudiée, et il sera accompagné dans ses démarches.
Les élus locaux ont été sollicités, Ségolène Neuville (secrétaire d'État chargée du Handicap) a été saisie, un dossier de surendettement a été déposé…
La question est simple : comment procéder pour que la décision de justice soit respectée, sans que Stéphane Marty se retrouve à la rue ? Il reste moins de trois semaines pour trouver une solution.

http://www.ladepeche.fr/article/2016/01/31/2267182-handicape-et-menace-d-expulsion.html

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