mardi 15 septembre 2015

Deux policiers qui allaient escorter Manuel Valls sanctionnés après un accident

« Le monde à l’envers. » Au sein du service des compagnies motocyclistes de la préfecture de police, c’est l’incompréhension. Voire la colère. Selon nos informations, deux motards ont été récemment sanctionnés pour avoir causé un accident de la route, alors que leur hiérarchie leur avait demandé en urgence d’aller escorter Manuel Valls, à l’époque ministre de l’Intérieur, à l’hôtel de Beauvau.
Le policier le plus grièvement touché (en repos pour blessures en service pendant 12 mois) a reçu un blâme. Son collègue (deux jours d’ITT), lui, s’est vu aviser d’un avertissement au cours de l’été. Des sanctions jugées d’autant plus sévères que le conducteur de la voiture qui leur était rentré dedans était alcoolisé et en défaut de permis au moment des faits. De plus, un des policiers blessés avait reçu un coup de téléphone du ministre pour le soutenir au lendemain de l'accident.

Ils n’ont pas vu la voiture dans l’autre file

L’affaire remonte au 13 janvier 2014. Dépêchés par leur hiérarchie pour aller escorter l’ancien locataire de la place Beauvau, en remplacement d’un fonctionnaire en retard, les deux motards de la division régionale motocycliste ont été victimes d’un accident de la route au niveau de la place Clemenceau (8e).
Alors que le feu tricolore passait au rouge, les deux policiers ont franchi l’intersection sans voir que derrière la première file de voiture arrêtée, un véhicule avait déboîté et était engagé dans l’intersection. Le choc a été très violent, en attestent les témoignages recueillis auprès de policiers qui ont visionné la vidéo de l’accident, captée par les caméras de la préfecture de police.
L’administration a conclu que les policiers avaient respecté « les gestes réglementaires » mais n’avaient pas fait « usage des avertisseurs sonores et lumineux », note un rapport de l’administration. Cette dernière reproche aux deux policiers « des risques inconsidérés » alors qu’ils « avaient encore cinq minutes pour rejoindre le Ministère de l’Intérieur situé à environ deux cents mètres ».

Sentiment d’injustice

Interpellé, le conducteur de la voiture a été placé en garde à vue. A 8 h 05, soit une heure après l’accident, l’individu présentait un taux d’alcoolémie de 0,67 milligramme par litre d’air expiré (le seuil légal est de 0,25 mg par litre d'air expiré). Selon les premières constatations, il était aussi en défaut de permis de conduire. « Pourtant, l’administration a préféré retenir ses déclarations plutôt que celle des policiers qui disent avoir actionné leur deux-tons », soutient un proche des policiers.
Au sein de la compagnie motocycliste de Paris, c’est un sentiment d’injustice qui domine. « Les chefs leur avaient demandé de se dépêcher pour escorter Valls en urgence. Après coup, personne ne le reconnaît. Et surtout, on préfère s’en tenir aux déclarations de l’occupant de la voiture qui avait bu », grogne-t-on.
La vidéo de l’accident passe désormais de main en main dans le service en guise de prévention pour ce type d’accident. « Une file de voiture arrêtée peut cacher une autre voiture. Nous devons redoubler de vigilance », conclut un policier spécialiste des escortes de personnalités.

http://www.20minutes.fr/societe/1687267-20150915-deux-policiers-allaient-escorter-manuel-valls-sanctionnes-apres-accident

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