Il est environ 15h30 ce lundi quand Christian Fouzaro, cuisinier au restaurant riverain L'Océan depuis trois ans, en fin de service déjeuner, amène la poubelle au local dédié. Il aperçoit alors une poussette dévalant la (faible) pente menant de l'entrée du parking du port au quai d'amarrage des bateaux. La folle équipée d'une dizaine de mètres s'achève finalement le long de l'espace moto, avant de se faufiler entre deux bittes d'amarrage pour plonger dans l'eau à deux mètres en contrebas, et à environ deux mètres de fond.
A 30 mètres de la scène et au milieu des premiers cris des témoins effrayés, Christian se met à courir et sans réfléchir plonge dans l'eau. C'est là que l'affaire se complique puisque le "bouillon" provoqué par le plongeon de la poussette, puis le saut simultané de la mère paniquée dans l'eau et d'un autre témoin, rendent les fonds vaseux invisibles. C'est au toucher que notre bon samaritain sentira la poussette après une longue vingtaine de secondes, avant de la remonter - avec le bébé toujours attaché- pour la tenir hors d'eau, à bout de bras. Le chef de la police municipale en patrouille à proximité, se saisit de l'engin au milieu des cris et de la panique générale des gens autour, avant de tendre la main au sauveteur et à la maman qui avait, elle, plongé en vain à côté de la scène.
"Mon bébé, mon bébé"...
Au restaurant riverain de la Cabane, le personnel offre alors de l'eau à boire et sort les couvertures pour réchauffer le bébé, la maman et les plongeurs, avant que la maman en totale crise de nerfs ne serre dans ses bras le héros, criant ensuite "mon bébé, mon bébé" sans pouvoir se calmer.Le temps pour notre sauveteur de quitter son uniforme de cuistot trempé et de mettre un tee-shirt, et Christian revient alors sur les lieux du presque-drame pour constater que toute la famille avait aussitôt disparu, sans doute dans la panique générale et au vu de l'état hystérique de la maman, qui n'a donc pas attendu les pompiers appelés pour sécuriser au plus vite l'enfant ne présentant cependant aucun signe extérieur de souffrance.
Renseignements pris, il s'agissait d'une famille qui sétait donné rendez-vous sur le port. Au moment du drame, les adultes consommaient, et un adolescent d'une petite quinzaine d'années s'occupait de sa petite-cousine, nouveau-né de trois mois au plus, dans la poussette qu'accompagnait également sa grande soeur de 4 ou 5 ans.
Certains témoins évoquent une casquette emportée par le mistral encore assez fort à cette heure, et poursuivie par l'adolescent lâchant alors le landau qui a ensuite entamé sa course folle vers le port.
Félicité à chaud pour son geste, et "branché" depuis par son entourage, Christian, après coup, se dit plus effrayé que fier de son geste salvateur. "C'est impensable ce qui s'est passé. Cette vitesse à laquelle la vie peut basculer. Je suis un jeune père d'une petite Léa de deux ans, et je ne pense plus qu'à ça, à ma peur qu'il lui arrive quelque chose d'aussi bête et d'aussi grave".
La valeur de son geste ? "Normal. Je me demande plutôt pourquoi certains tout près ont préféré crier que plonger", constate-t-il, sans vouloir jouer les moralistes. "C'est passé si vite, J'y suis allé et ça s'est bien terminé". De "ce moment si court et si long", Christian garde comme image "le noir total dans l'eau vaseuse" avant "le contact à l'aveugle avec la poussette", et puis à la sortie de l'eau, "la manière dont la maman m'a étreint et dit merci sans pouvoir se calmer".
Cette fête nationale 2015 restera pour une famille venue jouer les touristes, un destin tragique évité in extremis par un Saint-Bernard saussétois. Et pour notre humble cuistot-plongeur, plus que la fierté de sa B.A., le souvenir assurément traumatisant de voir à quel point la vie ne tient parfois qu'à un fil... ou un coup de vent.
http://www.laprovence.com/article/actualites/3497045/il-sauve-le-bebe-tombe-dans-le-port-de-sausset-les-pins.html
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