samedi 7 février 2015

Escrocs à la succession : 1,2 million d’€ de préjudice

Attention, piège ! Au bout du fil, un avocat « spécialisé dans le droit de la succession », qui vous annonce qu’un de vos proches, qui vient de décéder, a fait de vous le bénéficiaire d’une assurance-vie souscrite à l’étranger. Votre interlocuteur vous demande ensuite de justifier de votre identité en envoyant divers documents par courriel ou fax. Puis il exige un « engagement de confidentialité » et l’ouverture d’un compte bancaire dans un pays étranger (Espagne, Belgique, Italie, Suisse ou Allemagne).
Ce compte, vous devrez ensuite l’alimenter, accepter des virements ou des prélèvements à destination d’autres comptes sis hors de nos frontières (Chypre, Autriche, Roumanie, Angleterre, Suisse, Lettonie…) et ce, parce qu’il reste des frais à acquitter rapidement pour bénéficier de l’ensemble des fonds promis. Des frais de traduction, de rapatriement, de timbres fiscaux, d’« arrangement » avec le fisc français ou étranger.
Cette assurance-vie, de l’ordre de 200.000 à 300.000 €, vous n’en verrez en fait jamais la couleur… « Une centaine de victimes se sont déjà fait connaître et quatre-vingts ont versé des fonds », explique Mathieu Fohlen, vice-procureur de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Nancy. « Cela va de 6.000 à 100.000 € ». Saisie depuis l’an passé d’une instruction pour « escroquerie en bande organisée », la JIRS estime le préjudice total à 1,2 million d’€.
Faux sites internet d’avocats
Les escrocs ciblent leur proie en surfant sur des sites d’obsèques en ligne. « Ils étudient alors l’environnement de la future victime », poursuit Mathieu Fohlen. « Les gens visés résident près des frontières, afin qu’ils puissent ouvrir un compte à l’étranger ». Sur ce compte, destiné à terme à recevoir le montant de l’assurance-vie, ils versent les fameux frais qu’ils ne reverront jamais.
« Ces escrocs maîtrisent le français, le vocabulaire juridique et l’informatique », reprend le parquetier. A l’appui de leur démarchage téléphonique, les malfaiteurs - le plus souvent une femme chargée du rôle de secrétaire et un homme représentant l’avocat - adressent par courriel de faux documents ou contrats à l’en-tête du cabinet d’avocat ainsi que de fausses factures.
Ils utilisent généralement de faux sites internet d’avocats aux noms inventés ou usurpés. Pas de Maîtres Marc Durand ou Hélène Schultheis, non, les patronymes de ces robes noires rassurent, fleurent bon la confiance : Maîtres Marc de la Villardiaire, Charles de la Roche, Gérald de Courcheville, Pierre Delaunay ou encore Julien de Fréville…
Pour Mathieu Fohlen, il s’agit d’une déclinaison « pour les particuliers, du faux ordre de virement dans les entreprises (NDLR : très à la mode actuellement) ».
La JIRS invite les personnes victimes de ces faits à déposer plainte auprès de la brigade de gendarmerie ou du commissariat de police proche de leur domicile.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/02/06/escrocs-a-la-succession-1-2-million-d-de-prejudice

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