Au mois de novembre dernier, ce trentenaire né à Lyon avait posé ses maigres bagages dans un chalet alpin, installé à l'angle de la propriété. Père d'un petit garçon d'un an, il venait de se séparer de sa compagne et de quitter leur foyer de Saint-Vincent-de-Tyrosse. Il avait alors été présenté par une connaissance commune à Maud-Bérengère Delbart, suspectée d'être à l'origine de sa mort. Présumée innocente à ce stade de l'instruction, cette femme de 34 ans originaire du Tarn a été placée en détention provisoire à Pau, suite à sa mise en examen de vendredi pour homicide volontaire.
Double mise en examen
Elle partage ce chef d'accusation - puni de la réclusion à perpétuité si la préméditation était établie - avec Jean-Paul Leslie. Guadeloupéen de 32 ans arrivé en métropole depuis cinq ans, il était passé par le quartier Sainte-Croix de Bayonne avant d'échouer dans ce pavillon de Seignosse. Lors de sa garde à vue, il avait fourni des indications permettant aux enquêteurs de la Section de recherches de Pau de retrouver le corps de la victime, dans le courant de Soustons. Déjà connu pour diverses entorses à la législation en vigueur sur les stupéfiants, il avait en revanche rejeté le crime, par étranglement, sur Maud Delbart, chez qui il vivait depuis la fin d'année. Conseillée par Me Johanne Faguier, celle-ci a souhaité rester silencieuse sur les déclarations de son client et sa possible responsabilité dans le crime.« Des hommes, il y en a eu plusieurs qui sont passés. Celui-ci, je l'ai juste aperçu une fois mais il y avait toujours des va-et-vient », confie de son côté l'une des rares personnes à l'avoir vu sortir de la maison, achetée voilà plusieurs années par les parents de Maud Delbart pour en faire leur résidence de vacances.
« Artiste déjantée, exubérante, jouisseuse de la vie » au dire d'une de ses connaissances, cette trentenaire envisageait d'ouvrir un magasin de textile dans la station balnéaire. Elle était arrivée voilà plusieurs années à Seignosse et avait effectué une période d'essai dans un commerce, sans y être prolongée. « On lui disait simplement bonjour quand on la voyait amener sa fille à l'école », souffle un retraité, habitant de la rue.
« Elle est un peu provocante. Ici, les gens n'aiment pas trop ça »Maud-Bérengère Delbart avait pour habitude d'ouvrir sa maison pour des soirées où « musique, alcool, cannabis et autres drogues » faisaient partie de l'ambiance. « Elle est un peu provocante. Ici, les gens n'aiment pas trop ça », reconnaît un voisin. Une femme au caractère prononcé et à la vie heurtée, comme le laisse entendre un autre : « Si je les ai vus ? Non. Entendus ? Oui. Voilà quelques mois, on entendait des cris, des disputes, même dans la journée. » Dans les maisons voisines, d'autres témoignages confirment. « Elle poursuivait un homme avec une pelle et a frappé sur sa voiture », se rappelle un autre. « On entendait des crissements de pneus et retrouvait ensuite de la vaisselle cassée sur le parking », affirme une femme.
Ces comportements étaient méconnus du maire actuel mais avaient inquiété Jean-Bernard Comet, son prédécesseur, et voisin de Maud Delbart. « Une voisine était venue me trouver pour me parler de bruits inquiétants, comme si l'on cassait des choses à l'intérieur de la maison. J'avais averti ses parents, mais il m'avait été répondu qu'il ne fallait pas s'en faire, qu'elle est une bonne maman. »
Maud Delbart nie avoir tué Stéphane Pasturel, mais reconnaît avoir contribué à dissimuler son cadavre comme à mettre en vente certains de ses objets personnels. Me Jean-François Renaudie, son avocat, n'a pas souhaité répondre à nos appels. Face aux accusations de Jean-Paul Leslie portées sur sa cliente, évoquées vendredi dernier par Jean-Philippe Récappé, procureur de la République, lors de son allocution, il en avait fait de même et demandé d'attendre les résultats complets des analyses médico-légales. Ceux-ci devraient parvenir dans les prochains jours à Ludivine Lamouroux, la juge d'instruction montoise en charge d'un dossier loin d'avoir livré ses vérités.
http://www.sudouest.fr/2015/02/26/vus-non-enten-dus-oui-1841921-4580.php
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