Au nom d’une mère de famille hostile au mariage programmé par sa fille et son futur époux par crainte, selon elle, de son embrigadement dans un islamisme radical ? Au nom de l’argent de la dot réclamée, « et seulement pour cette raison », réplique la victime. Qui souffre encore, à l’issue de cette audience du tribunal correctionnel de Belfort, d’avoir été « considérée comme une marchandise » par sa mère.
Un sac au visage
« Dans ma famille, si nous sommes musulmans, nous sommes avant tout français et respectueux des valeurs de la Rébublique, on n’y touve pas de foulard, en tous les cas », objecte Mushin, l’époux de Hulya depuis le 1er décembre dernier. Et étudiant dans une école de géomètres à Vincennes, à deux rues de la prise d’otages du 9 janvier dernier. De cette journée, Mushin se souvient d’avoir appris ce que c’était que la « sidération ». « Je suis allé prier, le lendemain, au milieu des fleurs et des bougies. Alors, l’islam radical… ».Et ce mercredi, c’est dicrètement qu’il accompagnait sa jeune épouse pour y entendre l’évocation de faits particulièrement désagréables.
En effet, le 4 novembre 2014, Hulya n’est âgée que de 20 ans, lorsqu’elle voit surgir sa mère et son oncle dans sa classe de l’Ecole de la Seconde chance qu’elle vient d’intégrer. « Ma mère m’a jeté un sac en plein visage et un classeur », raconte-t-elle au tribunal du haut de ses trois pommes. « Mon oncle m’a pris les cheveux, je me suis accrochée aux tables en appelant au secours, puis il m’a saisie sous le bras comme une baguette. Ensuite, ils m’ont mise à l’arrière de sa voiture pendant que ma mère me ceinturait et me donnait des coups de poing sur les épaules et la poitrine ».
Et ce ne sont pas les tentatives du directeur de l’Ecole pour les contenir avant l’arrivée de la police qui empêchera la mère et l’oncle de s’échapper avec leur proie. » A ce stade, j’étais perdue, je ne savais pas ce qui allait m’arriver », se souvient la jeune fille.
Droite dans ses bottes
A la barre du tribunal correctionnel, les deux prévenus n’en démordent pas. « Je n’avais pas le choix, j’étais stressé par le temps quand j’ai dit que j’étais armé », se défend l’oncle. « Ca faisait trois mois qu’elle avait fugué sans donner de ses nouvelles à quatre jours du mariage », répète la mère, droite dans ses bottes. « Votre fille est majeure, on ne parle de fugue que pour un mineur », lui rappelle le président.En réalité, « ma mère n’a cessé d’augmenter ses exigences financières, elle en était à 3 000 euros rien que de bijoux en or, sans parler de la voiture et de la maison demandée », raconte Hulya « confiante en la justice » qui devrait la « protéger » de sa famille. « On a déposé plusieurs plaintes pour menaces de mort », avoue le jeune couple. « Moi, je me retourne sans cesse de peur d’être suivie », souffle encore Hulya.
L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au 4 mars prochain où l’on saura si Swen Morelle aura été entendu lorsqu’il a tonné à l’adresse des deux prévenus : « Non, vous n’êtes pas la loi ! », avant de requérir 6 mois dont 3 avec sursis.
http://www.estrepublicain.fr/justice/2015/02/11/belfort-plainte-au-tribunal-d-une-eleve-enlevee-et-sequestree-par-sa-mere
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