mardi 27 janvier 2015

SDF tuée à coups de planche : il voulait lui faire mal mais surtout pas la tuer

Hier matin a débuté, devant la cour d'assises, le procès de Bernard Ogando, un jeune SDF qui avait tué une jeune femme, SDF elle aussi, à coups de planche.
Il est arrivé dans le box avec un air fatigué, les yeux mi-clos, la bouche entrouverte. Manifestement, Bernard Ogando est sous calmants. Ce qu'il explique : «J'ai un traitement de substitution à la méthadone. J'ai aussi des neuroleptiques et des somnifères». Ça se voit. Le jeune homme de 24 ans s'exprime avec quelques difficultés, d'une voix pâteuse. Mais il est clair dans ses déclarations. Le 24 juin, lors des fêtes de Tarbes, Ogando rencontre par hasard Dominique Descors, dite Dom, et ses amis, sur la place du Foirail, en soirée. Dès qu'il l'aperçoit, Ogando «voit rouge», ramasse une planche de palette qui traînait à côté d'un manège, et frappe violemment Dom sur le côté. Il assène ensuite un violent coup sur la tête de Mike, le copain de Dom, venu la secourir (voir nos précédentes éditions). Dans la matinée qui suit, Dom est prise de vomissements, puis fait une série de malaises. Ses amis décident, vers 13 heures, d'appeler les secours. Dom est conduite à l'hôpital : hélas, elle y décédera le lendemain matin, à 6 h 30. La rumeur de ce décès se répand très vite dans le petit monde des SDF et des bénévoles qui les entourent. C'est une bénévole des Restos du cœur qui va alerter la police. Elle raconte qu'il y a quelques mois, en février, Ogando était venu aux Restos, avait insulté, menacé d'un jet de canette. La retraitée va le raconter à la barre : «ça m'a fait très peur. Il était tout près de moi, il hurlait et il menaçait, complètement surexcité. Il y avait de l'alcool, mais pas que ça. C'est Dom qui s'est interposée. Avec ses amis, ils l'ont ceinturée et éloigné. Après, je ne sais pas ce qui s'est passé vraiment.» Après, ce sont les autres qui vont le raconter : Dom a «engueulé Bernard et elle lui a mis une claque dans la gueule. Et elle lui a dit que s'il ne se cassait pas, il allait recevoir une branlée». Bernard Ogando cède, mais la mort dans l'âme, brûlé d'humiliation d'avoir été remis à sa place «par une femme». Il va le confirmer dans le box. Alors, quand il la recroise en juin, il explose. «C'est vrai que j'ai vu rouge quand je l'ai croisée. J'ai tapé. C'est vrai que je voulais la taper, lui faire mal, après qu'elle m'avait vexé. Je voulais faire mal, mais surtout pas la tuer, ça non.» Bernard Ogando va raconter sa vie à la cour. Une vie pas très reluisante, avec un père violent, alcoolique et fumant force pétards. Une éducation pour les enfants qualifiée de «post-soixante-huitarde» par le président Bobille. Une enfance finalement ravagée, ballottée de foyer en foyer, débouchant très vite sur l'alcool et les stups : cannabis, héroïne, coke… Ce qui justifie ses actes, selon lui. A quoi le président rétorque : «Si ça peut en partie expliquer, cela ne saurait excuser. Et d'autre part, l'alcool et des drogues ne sont pas des circonstances atténuantes, bien au contraire». En fin d'après-midi, les amis sont venus décrire Dom. Et il en ressort un trait dominant : une brave fille, avec un caractère fort. Quelqu'un de juste. «Elle ne méritait pas ça. J'ai du mal à imaginer que je ne vais plus la voir. Plus jamais».
http://www.ladepeche.fr/article/2015/01/27/2037050-il-voulait-lui-faire-mal-mais-surtout-pas-la-tuer.html

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