vendredi 16 janvier 2015

Incidents lors de la minute de silence dans les écoles tarn-et-garonnaises

En marge des grands rassemblements qui ont réuni, le week-end dernier, dans une même ferveur des milliers de Tarn-et-Garonnais et des millions de Français au soutien des victimes de Charlie-Hebdo et de l'épicerie Cacher de la porte de Vincennes, des clashs «anti-Charlie» ont eu lieu dans plusieurs établissements du département. Des lycéens à Montauban et Beaumont-de-Lomagne, des collégiens à Castelsarrasin et même une écolière à Montauban ont refusé, chacun à leur façon, de participer à la minute de silence tenue le 8 janvier dans tous les établissements scolaires du pays.
Hypersensible, le sujet demeure tabou, à tel point que l'information n'avait guère fuité jusqu'à ce jour les murs de l'inspection académique… Et pour cause, même si le nombre d'élèves concernés, une dizaine recensée, par ces actes, demeure marginal au vu des 43 000 scolarisés en Tarn-et-Garonne, les faits peuvent paraître choquants.

À Beaumont-de-Lomagne, la moitié d'une classe de CAP fait l'apologie des terroristes

Au lycée professionnel de Beaumont-de-Lomagne, c'est la moitié d'une classe de CAP comptant quinze élèves qui a perturbé le recueillement. Le proviseur Marie-Ange Balança qui s'est rendue dans chaque classe pour expliquer les raisons de ce deuil national (notre encadré), a dû faire face à des réponses pour le moins difficiles à entendre dans le contexte actuel. «On est des pro-terroristes si j'avais 18 ans, je serais en Syrie, aurait donc clamé le leader de ce petit groupe poursuivant par un discours favorable à la cause palestinienne. Les victimes de Charlie l'ont bien cherché, ils avaient dit que le Coran c'était de la merde… Si c'était des Palestiniens, on n'en aurait pas entendu parler.» La classe, qui a été immédiatement prise en charge par la chef d'établissement et des enseignants, a quand même tenu la minute de silence. Quant aux élèves concernés et leurs parents, ils ont tous été convoqués pour s'expliquer. L'auteur des propos «djihadistes» âgé de 16 ans qui doit être reçu en fin de semaine, assurait Marie-Ange Balança, n'échappera pas à ses responsabilités, le proviseur envisageant pour lui une mesure de responsabilisation l'obligeant à passer de nombreux mercredis auprès des aînés de l'Ehpad de la commune.

À Castelsarrasin, des quatrièmes perturbent la minute de silence

Au collège Jean-de-Prades, le principal Éric Soula n'a également pas transigé après que quatre de ses élèves âgés de 14 à 15 ans aient perturbé la minute de silence en proférant des propos anti-Charlie : «ça sert à rien pour un journal… Ils n'avaient qu'à pas se moquer de la religion et du prophète.» Tous convoqués devant le conseil de discipline, «ils ont hérité pour trois d'entre eux d'un blâme et du dernier d'une exclusion temporaire» confirmait le principal qui insistait pour dire que tous les parents avaient bien compris les raisons de cette sanction.

À Montauban, les lycéens de Bourdelle réfractaires invités à quitter la classe

Au lycée Antoine-Bourdelle, le proviseur Isabelle Ficat, alertée le jour même par des enseignants, décidait avant la tenue de la minute de silence de faire sortir les élèves réfractaires à ce temps de recueillement. Une quinzaine de lycéens auraient ainsi gagné les couloirs de l'établissement. «Devant le signalement d'éventuels problèmes qui pourraient avoir lieu et afin d'éviter tout incident, nous avons préféré faire ce choix, assurait la chef d'établissement qui insistait sur l'accompagnement individuel et pédagogique fait dans le même temps. Chaque élève sorti, a été entendu par un personnel du lycée et après des explications avec eux, certains ont fait la minute de silence dans le couloir.» Hier soir, le conseil de vie lycéenne de l'établissement était réuni pour faire le point sur ces événements, «trouver des réponses et agir sur le long terme» garantissait la chef d'établissement.
Enfin, le dernier fait signalé, pour l'heure, à l'inspection académique n'a pas manqué de troubler l'équipe pédagogique d'une école de la cité d'Ingres. Une fillette de 10 ans ayant ostensiblement craché durant le recueillement sur l'affiche symbolisant la minute de silence. Le «père de cet enfant est venu présenter des excuses aux enseignants» nous confirmait de son côté l'inspection par la voix d'Évelyne Priam.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/01/16/2030030-incidents-lors-minute-silence-soutien-charlie-unanime-ecole.html

Aucun commentaire: