vendredi 8 août 2014

Le récit de «la disparue» était totalement imaginaire

L'affaire s'est dégonflée aussi rapidement qu'elle avait enflé sur les réseaux sociaux où un groupe «d'amis» égrainait de terribles infos sur le sort qui avait soi-disant été réservé à habitante de Montbartier, âgée de 37 ans et mère de trois enfants (lire notre édition d'hier).
Cette femme dont le mari avait signalé la disparition aux services de police de Montauban vendredi soir, aurait donc été enlevée alors qu'elle se trouvait rue des Arts dans la cité d'Ingres. Les services de police avaient enregistré cette «disparition troublante» et fait circuler le signalement en interne. Pendant ce temps, les réseaux sociaux s'agitaient, diffusant eux aussi son signalement et placardant des photos de la «disparue» dans les commerces du secteur. L'affaire prenait un nouvel élan mercredi matin, toujours sur les réseaux sociaux, où l' «animatrice» d'un groupe «bien informée» racontait le calvaire subi par la mère de famille.

Les incohérences de la victime

Cette dernière s'était effectivement présentée aux services de gendarmerie de Montech mardi vers 22 h 30 racontant aux militaires avoir été enlevée par un homme cagoulé circulant dans un fourgon alors qu'elle se trouvait rue des Arts à Montauban, puis conduite dans les environs de Beaumont-de-Lomagne où durant quatre jours, son geôlier l'aurait frappée et lui aurait fait subir de violentes et multiples agressions sexuelles. Face à ce récit hors norme, le parquet de Montauban confiait aux policiers de la BSU montalbanaise le soin de mener les investigations… Des enquêteurs qui ne cachaient pas leur perplexité face aux incohérences de «la victime», laquelle expliquait notamment et sans plus de précisions, avoir réussi à fausser compagnie à son ravisseur avant de couvrir ... à pied la distance séparant Beaumont de Montech.
Néanmoins, les policiers montalbanais mandatés par le substitut Marchand, commençaient à dérouler leurs investigations. La victime était tout d'abord conduite mercredi au centre hospitalier afin de procéder aux constatations médico-légales des crimes subis. Première surprise : la «victime» ne présentait aucune trace de viols pas plus que de griffures ou d'hématomes que l'agression subie aurait dû lui laisser. Seconde surprise, la «victime» quittait en toute discrétion et à l'insu des policiers et du personnel soignant, l'hôpital de Montauban hier matin. Les policiers la retrouvaient peu après chez elle à Montbartier.

Pour justifier une escapade chez une amie

Face aux policiers, la mère de famille avouait avoir tout inventé, expliquant finalement avoir fait une escapade de quelques jours chez une amie. Aurait-elle monté cet énorme «bateau» pour justifier son absence impromptue aux yeux de son mari, lequel était sincère quand il a signalé sa disparition aux policiers montalbanais alors que lui-même était occupé dans ce secteur de la rue des Arts à Montauban ?
Hier, le parquet soulignait «la grande détresse psychologique» de cette femme, assurant qu'elle subirait rapidement une expertise psychiatrique. Une expertise qui dira dans quelle mesure elle était en état de mesurer l'énormité de sa mythomanie… Dans quelle mesure elle était responsable de ses actes.

L'encombrant poids des réseaux sociaux

Car son mensonge hors norme a évidemment généré la mobilisation des services de gendarmerie puis de police, lesquels avaient commencé à engager de coûteuses investigations techniques au niveau de la téléphonie notamment, afin de tenter de confondre l'éventuel agresseur. Mobilisation des services de soins également… Tout cela représente un coût et surtout, une mobilisation des fonctionnaires qui ont d'autres chats à fouetter.
Cette femme pourrait donc être poursuivie pour «dénonciation de crimes imaginaires», un délit sanctionné d'une peine de 6 mois de prison et de 7 500 euros d'amende.
Enfin cette affaire révèle également l'encombrant poids des réseaux sociaux capables de s'enflammer de façon tout à fait irrationnelle ... et potentiellement dangereuse

http://www.ladepeche.fr/article/2014/08/08/1931163-le-recit-de-la-disparue-etait-totalement-imaginaire.html

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