vendredi 7 février 2014

Bordeaux : un enlèvement imaginaire élucidé

Toute une brigade mobilisée sur un enlèvement et une séquestration qui n'en étaient pas un. Des heures de travail pour finalement découvrir une autre vérité que celle servie aux enquêteurs. Au terme de toutes ces investigations, le parquet de Bordeaux se réserve le droit de poursuivre les menteurs pour dénonciation de crime imaginaire.
Lundi soir, une Bordelaise de 34 ans a prévenu son mari et la police. Elle prétendait avoir reçu un appel passé depuis le portable de sa fille tout juste majeure. Une voix d'homme lui aurait dit : « Elle est avec moi. Je l'ai enlevée, je vous rappellerai plus tard ». Branle-bas de combat chez les policiers qui ont dépêché des fonctionnaires auprès de la famille. Une famille géorgienne sans histoire, aux revenus modestes, qui n'a pas de dette et ne se connaît pas d'ennemi ni en Russie où elle a vécu ni en France où elle est arrivée il y a quelques années.
La jeune fille avait été déposée à la gare le lundi matin par son père. Elle devait prendre les transports en commun pour se rendre au lycée. Comme tous les jours. Saisie, la brigade de répression des atteintes aux personnes de la sûreté départementale (Brap), a suivi plusieurs hypothèses de travail.
Au domicile de cette élève de lycée professionnel, les enquêteurs ont cherché tout ce qui pouvait les renseigner sur les fréquentations, le quotidien ou les projets de l'adolescente.
Dans l'établissement scolaire, ils ont réuni copains et copines de classe pour leur faire part de cette disparition inquiétante revendiquée comme étant un enlèvement. Entendus un par un, les élèves ont été plus bavards. Les policiers ont ainsi compris qu'à cause de barrières linguistiques et culturelles, l'intégration de la jeune Géorgienne ne s'était pas faite sans mal.
Ils ont surtout appris qu'elle avait une autre ligne de téléphone sur laquelle elle avait été jointe le mardi matin par une camarade étonnée de son absence en cours. Il y avait dès lors anguille sous roche pour les policiers de la brigade qui envisageaient sérieusement la possibilité d'une fugue avec un petit ami.
Copain dont ils ont eu confirmation de l'existence peu après. En un mois, les deux tourtereaux s'étaient envoyé plus de 6 000 textos. Au fil des discussions et heures d'attente, la BRAP a également cerné le contexte familial basé sur une autorité patriarcale très pesante, eu vent d'un projet de mariage arrangé et entendu de nouveau les parents. Ceux-ci ont confirmé que leur fille avait un petit ami dont ils ignoraient tout et qu'elle avait déjà menacé à plusieurs reprises de partir de la maison dès qu'elle aurait ses propres documents d'identité.
Papiers qu'elle a justement récupérés à la préfecture de la Gironde le lundi de sa disparition. La thèse d'un enlèvement s'éloignait donc de plus en plus, laissant la place à celle d'une fugue d'amoureux maquillée. Mardi soir, les policiers sont entrés en contact avec la jeune fille et ont eu la preuve qu'elle était en sécurité et de son plein gré chez son ami.
Mais ils ont aussi découvert que c'est la mère qui, recevant un appel de sa fille lui disant qu'elle était partie et qu'elle allait bien, qui a inventé cette histoire d'enlèvement. Pour protéger sa fille de l'ire paternelle ? Pour gagner du temps ? Pour déclencher des recherches afin qu'on lui ramène sa fille entre deux policiers ? Beaucoup s'interrogent encore sur ses motivations

http://www.sudouest.fr/2014/02/07/un-enlevement-imaginaire-elucide-1454165-2780.php

Aucun commentaire: