Ces cinq là auraient pu comparaître devant une cour d'assises. Ce sera finalement le tribunal correctionnel de Grasse, le 11 mars prochain, pour « violences aggravées et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime ».
Un assassinat. C'est pourtant bien ce que projetaient, comme l'a souligné le procureur, ces deux femmes et trois hommes, dont un seul comparaissait libre, hier, devant le tribunal correctionnel de Grasse. Les quatre détenus étaient venus plaider une remise en liberté avant le procès.
Les faits se déroulent à La Gaude, en février 2013, dans la villa d'un retraité de 70 ans. Depuis quelque temps, le septuagénaire héberge Justine C. Elle lui fait son ménage, au noir. L'argent semble filer entre les doigts de cette blonde trentenaire qui accumule dettes et petits crédits contractés auprès du propriétaire. Elle lui présente alors une autre femme, Maria C., toujours pour des ménages.
Trois hommes de main
Selon Justine, émerge immédiatement l'idée, entre elles, de tuer le septuagénaire pour s'emparer de ses biens. Durant les auditions, elles expliquent avoir d'abord tenté, le soir du 21 février 2013, de l'endormir avec un somnifère glissé dans son verre de vin. Mais Justine « n'aurait pas eu le cran de l'assommer avec une bouteille ».
Elles auraient alors appelé trois hommes. Pour les convaincre, Maria C. leur explique que le retraité l'a violée et qu'elle veut se venger. Vrai ou faux ? Toujours est-il que le stratagème semble fonctionner. Jonathan C., Tony D. et Mathieu S. acceptent.
Justine C., la femme de ménage, leur aurait expliqué en détail comment pénétrer dans la villa et quels objets voler après l'assassinat. Avec à la clé 10.000 à 20.000 €. Les deux diaboliques de La Gaude ont leur plan et leurs hommes de main.
Le 23 février, ils passent à l'acte après un essai manqué la veille. Maria C. appelle le retraité et organise un rendez-vous en tête à tête dans la villa. Puis elle quitte la maison. Alors qu'elle ouvre la porte, deux hommes cagoulés s'engouffrent dans la demeure. Maria C. s'enfuit et, après un laps de temps, va prévenir les gendarmes, arguant qu'elle a été bousculée par « un homme cagoulé » et a pu prendre la fuite pour alerte les secours.
Hier, le président du tribunal, Marc Joando, a décrit la scène qui se déroulait pendant ce temps dans la villa. Les hommes saisissent le retraité par le cou, lui assènent des coups de poing, de pied, des coups de crosse de pistolet sur le crâne. Une boucherie. « Les gendarmes découvriront du sang partout »,note Marc Joando.
« Ils m'ont laissé pour mort »
Finalement, les agresseurs ne vont pas au bout. L'un deux va même vomir dans le jardin. Ils prennent la fuite. Lorsqu'il reprend connaissance, le retraité gît dans une mare de sang et alerte les secours.
Empreint d'une poignante colère intérieure, le septuagénaire a témoigné hier à la barre. « Ils m'ont laissé pour mort. Quand je me suis réveillé, j'ai actionné l'alarme. Cela fait onze mois ; je suis encore marqué par les coups que j'ai reçus, je ne dors plus. »
Les hommes reconnaissent l'essentiel des faits, même s'ils prétendent ne pas avoir voulu tuer le retraité. L'un de leurs avocats évoque « une terrible machination montée par les deux jeunes femmes ».
Le procureur, Jean-Louis Moreau, évoque, lui, un « projet d'assassinat. Les deux jeunes femmes avaient pour idée d'assassiner la victime pour une motivation financière ».
Les quatre demandes de remise en liberté ont été rejetées. L'avocate du retraité, Morgane Olefksy, souligne qu'il s'agit « d'un dossier gravissime. Cette opération était un projet d'assassinat concerté entre les cinq prévenus. Mon client est traumatisé. On ne se remet jamais vraiment d'une telle agression ».
Jean-Frédéric Le Gallo, avocat de l'une des deux prévenues, affirme que l'on est passé, dans cette affaire, « à côté du fond du dossier. Pendant toute l'instruction, on a tenté de démontrer une tentative d'homicide ».
Les cinq comparses encourent dix ans d'emprisonnement.
http://www.nicematin.com/cagnes-sur-mer/la-terrible-machination-des-diaboliques-de-la-gaude.1601644.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire