Si l’ancien patron de Coop Alsace n’a pas donné les noms, c’est parce qu’il a été échaudé selon son avocat. Car les dirigeants de clubs sportifs ont contesté toute remise d’argent en espèces.
Mais le système n’a rien de nouveau d’après Me Alexandre : « On rémunère les footballeurs du dimanche avec des espèces et quand un maire dit que ce serait bien de soutenir l’équipe, ce n’est pas de la corruption. » Non, juste une action « dans le cadre de l’implantation régionale » de l’enseigne. C’est ce qu’on appelle la grande distribution.
« J’ai créé 750 emplois en dix ans ! »
Et puis 200 000 à 250 000 euros distribués ainsi par an, c’est quoi par rapport à un budget publicitaire de huit millions ? interroge la défense. De toute façon, c’était un « système », et « Yves Zehr n’en est pas le bénéficiaire » dénonce Me Alexandre. Son client dit avoir été « utile à la société civile ».À l’entendre d’ailleurs, le sexagénaire n’était bénéficiaire de pas grand-chose. Abus de biens sociaux, blanchiment, faux, il conteste tout. L’ancien président admet : « J’ai sûrement fait mal certaines choses mais sans penser commettre des délits. »
C’est pourtant bien ce que la justice lui reproche avec un détournement de plus de 1,3 million d’euros.
Côté Coop, partie civile on dénonce une « véritable entreprise de fraude » en même temps que les « explications affligeantes » du prévenu. Lequel se place en simple instrument du « système » quand ses accusateurs le décrivent comme l’accélérateur de la chute de la maison Coop. Il a, selon Me Plançon, « provoqué la perte d’emplois ». De 4 200 employés en 1999, la vieille institution alsacienne est passée à 750 cette année. Yves Zehr infirme : « J’ai créé 750 emplois en dix ans ! »
Et les œuvres d’art, marotte de l’ancien patron mué en marchand d’art ? « Je m’étonne qu’on n’ait pas trouvé de clients de M. Zehr », glisse l’avocat général Jacques Dorémieux.
L’épouse qui « n’entend pas, ne voit pas »
« En 40 ans de mariage, le niveau de vie du couple n’a pas évolué », assure Me Friedrich, avocat de Mme Zehr, condamnée en première instance à 18 mois avec sursis. Elle est pour l’avocat général l’épouse qui « n’entend pas, ne voit pas ». L’ancienne caissière de Coop n’aurait rien su des centaines de dépôts en liquide effectués sur les comptes par son mari, tout simplement parce que la gestion restait la prérogative du patron.La « somptueuse » maison du couple ? Estimée à 470 000 euros. Les œuvres d’art ? 80 000 euros. En alignant les chiffres, Me Alexandre veut convaincre : pas d’enrichissement personnel !
Si on n’a pas eu droit aux noms des bénéficiaires, ça a tout de même balancé à l’audience : « Tout le monde participait à ce système, envoie la défense, les syndicats, de tout temps, tout le monde a touché des enveloppes. » Quant au compte en Suisse, « il servait à rémunérer les administrateurs et Coop est hypocrite de venir donner aujourd’hui des leçons de morale ».
Libre le 15 novembre ?
Un nom tout de même : le club d’aviron du pays d’Erstein. C’est la seule association, selon Me Alexandre à avoir signé un reçu en échange d’une remise d’espèces.L’avocat général a requis hier la peine infligée à Strasbourg, cinq ans mais cette fois avec une partie assortie du sursis mise à l’épreuve. Et il ne s’oppose pas à la mise en liberté de l’ancien patron. La cour rendra son arrêt le 15 novembre
http://www.dna.fr/edition-de-colmar/2013/11/06/la-grande-distribution-des-enveloppes
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire