Chargée d’enquêter sur le suicide d’un étudiant agenais, cette "profileuse" avait conclu à un meurtre commis par des djihadistes. Elle est poursuivie pour escroquerie
Sombre affaire sur laquelle le tribunal correctionnel d’Agen va se pencher mercredi après-midi. À la barre, se présentera une profileuse (analyste comportementale) accusée d’escroquerie et de tentative d’escroquerie. Ses accusateurs sont un couple d’Agenais pour qui elle avait mené des investigations dans le cadre de la mort de leur fils de 20 ans, dont le corps sans vie avait été retrouvé dans les bois de Losses, dans les Landes, au printemps 2011.
L’enquête de gendarmerie appuyée par les constatations de deux médecins légistes avaient conclu au suicide du jeune homme. Éploré et incrédule, le couple avait alors cherché à comprendre la mort de leur enfant unique, étudiant dans une école de commerce de Bordeaux. Cette vaine recherche allait les plonger dans une affaire aussi déplorable que délirante. Le contexte de l’époque où les noyades d’étudiants dans la Garonne sont nombreuses, est alors pollué par les rumeurs infondées autour d’un serial-killer qui sévirait à Bordeaux.
Orienté par la mère d’un de ces étudiants disparus vers une société francilienne spécialisée dans la prestation de conseils (également renvoyée devant le tribunal correctionnel), le couple agenais se voit proposer les services d’une profileuse. Moyennant 6 000 euros, celle-ci devait mener une analyse comportementale et environnementale. Pour ce faire, l’ordinateur, le téléphone portable ainsi que de nombreux documents étaient confiés à cette profileuse domiciliée dans le Loiret qui, sur son blog, assure de son expertise en matière de « cold case » (affaire classée).
Après de longs mois sans donner la moindre nouvelle, cette dernière finit en janvier de cette année par rendre un long rapport au terme duquel elle offre une interprétation d’une toute autre nature que les conclusions de service de gendarmerie. Non, le jeune homme ne s’est pas suicidé. Il a été victime d’un homicide volontaire perpétré par des djihadistes !
À coups d’arguments aussi spécieux qu’abracadabrantesques, la profileuse déroule son raisonnement, conteste les conclusions des médecins légistes et du balisticien et va jusqu’à offrir une description physique (« le regard dur », « les lèvres serrées ») et même vestimentaire (« treillis ») des prétendus assassins. Pire, les parents sont les prochaines cibles de ce réseau et se doivent donc de quitter Agen au plus vite.
Néanmoins, la profileuse leur précise que pour étayer ses hypothèses et apporter des preuves, elle a besoin de mener d’autres investigations sur le terrain et donc d’étoffer l’équipe de recherche. Cela bien évidemment n’est pas neutre sur la facture : elle réclame 60 000 euros et, précise-t-elle, à toutes fins utiles, à payer en une seule traite et en avance…
C’est à partir de là que les parents de l’étudiant jugent qu’ils ont entre les mains, le mauvais scénario d’un navet franco-hollywoodien. Pas question d’aller plus loin. Ils saisissent alors leur avocat Me Édouard Martial qui, au moyen d’une citation directe devant le tribunal, renvoie la profileuse et la société de conseils pour répondre de faits d’escroquerie et de tentative d’escroquerie.
http://www.sudouest.fr/2013/09/03/une-profileuse-accusee-d-escroquerie-devant-le-tribunal-1157212-2780.php
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