Lorsqu’ils débarquent chez lui, à Auxon-Dessus, ce 25 juillet 2010 à 10 h 50, les gendarmes découvrent 45 kg de cannabis, un 357 Magnum, un pistolet automatique P38 et des munitions. Quelques minutes plus tôt, la maîtresse des lieux les a appelés. En se réveillant ce dimanche matin, elle a découvert que son mari avait découché. Et lorsqu’il est revenu en coup de vent, il lui a intimé l’ordre de ne pas aller dans le garage. Une injonction à laquelle, sitôt son époux parti, elle désobéit. C’est ainsi qu’elle tombe sur les deux sacs de sport contenant la drogue.
Placé en détention provisoire, Nesredine Hakkar, bien connu des Bisontins pour diriger à l’époque l’épicerie Le P’tit Dèp sur le boulevard Churchill (son épouse gérant alors la sandwicherie La P’tite Pause juste à côté), donne successivement trois versions différentes à propos de la provenance des stupéfiants. Avant d’en avancer une quatrième à la barre.
D’où cette observation du président Lévêque : « Vous savez, l’honnête homme qui se défend a la vérité pour meilleur défenseur. Or avec quatre versions, vous avez au moins menti à trois reprises… »
Cette fois, Nesredine Hakkar invoque une dette qu’il aurait contractée auprès de malfrats à qui il aurait acheté des vêtements contrefaits afin de les revendre. Les vêtements n’ayant été vendus et ayant disparu, il s’est vu conduit au bois de Chailluz, attaché et battu. « J’ai eu peur et j’ai voulu protéger ma famille », dit-il pour expliquer les fluctuations de ses déclarations et le fait d’avoir accepté d’entreposer dans son garage les stupéfiants (estimés à quelque 100.000 € valeur d’achat de gros et 225.000 € à la revente).
« Scénario invérifiable »
Quant aux armes ? « J’avais trouvé les plus vieilles toutes rouillées dans une déchetterie et le Magnum, je l’ai acheté 100 € à un black de Planoise. C’était pour me défendre. »Dubitatif, le procureur Vukadinovic oscille entre deux possibilités : « L’honnête commerçant persécuté ? Ou le trafiquant de drogue ? » Rappelant les cinq mentions au casier judiciaire de l’intéressé, dont une pour stupéfiants, le magistrat penche pour la seconde option, « d’autant que son scénario de harcèlement par des voyous est invérifiable. » Réquisitions : 4 ans dont un avec sursis et confiscation de la maison actuellement placée sous scellés.
À la défense, le bâtonnier Uzan invite le tribunal à raisonner par l’absurde. « S’il était un trafiquant, son épouse l’aurait su et n’aurait jamais appelé les gendarmes. En revanche, si elle pensait que son mari et sa famille se trouvaient en danger – ce qui était le cas – elle appelait les gendarmes, ce qu’elle a fait. » Étayant son raisonnement, le conseil rappelle que les comptes du couple ont été disséqués sans que rien d’anormal ne soit relevé : « Voiture, maison, train de vie : tout cadrait avec leurs revenus d’alors. Et où aurait-il trouvé les 100.000 € pour
Dans son délibéré, le tribunal a relaxé Nesredine Hakkar pour l’acquisition. Reconnu coupable pour le reste, il s’est vu infliger trois ans ferme, mais sans mandat de dépôt. Ayant déjà effectué un an de détention provisoire, il devrait pouvoir solliciter une peine aménagée. Quant à la maison, le tribunal la lui ayant restituée, il va pouvoir la partager avec son ex-femme. En effet, suite à cette affaire, le couple a divorcé. À la demande de madame.
http://www.estrepublicain.fr/doubs/2013/06/20/le-p-tit-dep-balance-par-la-p-tite-pause
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