Six membres des cellules clandestines de l’organisation terroriste basque ETA ont été arrêtés, mardi matin, en France. Quatre à Blois et Brive-la-Gaillarde, et deux autres à Montpellier où une arme a été saisie. C’est la première fois que des membres d’ETA sont interpellés dans Montpellier même, alors que de nombreuses opérations ont visé l’organisation basque ces dernières années dans notre région.
"On a entendu des coups et du bruit, on a cru que c’étaient des cambrioleurs"Un voisin
Vers 7 h, une quinzaine de policiers cagoulés du GIPN de Marseille, accompagnés de leurs collègues de la Sous-direction antiterroriste (SDAT) ont investi un appartement du premier étage d’une maison située au 2 rue Saint-Etienne, dans le quartier de Figuerolles. Brisant au passage la porte d’entrée dans l’immeuble et défonçant celle du logement. "On a entendu des coups et du bruit, on a cru que c’étaient des cambrioleurs. C’était comme à la télé, avec les cagoules, le bélier…", relate un voisin.
À l’intérieur, Igor Uriarte López de Vicuña et Julen Mendizabal Elezkano soupçonnés d’être des membres de l’appareil logistique militaire de l’ETA, sont aussitôt appréhendés.
"Dès qu’ils sont arrivés, ils ont mis des doubles rideaux aux fenêtres"
Un voisin
Surveillés depuis plusieurs semaines, les deux hommes logeaient dans cet appartement qui était loué depuis le mois de septembre. Selon le voisinage, ses occupants se faisaient très discrets, réglant apparemment le loyer en liquide. "Dès qu’ils sont arrivés, ils ont mis des doubles rideaux aux fenêtres, et ils étaient toujours tirés", raconte une retraitée qui se souvient avoir vu "un jeune couple" emménager dans les lieux, et jeter beaucoup de matériel directement depuis la fenêtre dans le container à poubelles en dessous. "Quand je suis allé leur faire la remarque, ils se sont montrés très agressifs", se rappelle-t-elle.
Longue et minutieuse perquisition
Les opérations de fouille de l’appartement se sont poursuivies une bonne partie de la journée pour placer sous scellés tous les documents, appareils informatiques et téléphoniques qui ont pu être saisis par le service de l’identité judiciaire de la PJ de Montpellier. Interrogés sur place, les deux “Etarras” se sont réfugiés dans le mutisme. Tout au long de la journée, ils ont assisté à la longue et minutieuse perquisition effectuée par les agents de la SDAT et du SRPJ de Montpellier qui ont emporté de nombreux cartons contenant des documents et pièces à conviction.
"Gora ETA"
En sortant, au moment de leur transfert, les suspects ont crié en basque, "Gora ETA" ("Vive ETA") à l’attention des journalistes, notamment des télés espagnoles qui ont envoyé des équipes de Barcelone. Selon toute vraisemblance, la garde à vue des deux hommes devrait être prolongée par le parquet de Paris, qui dirige l’enquête. En matière de terrorisme, elle peut atteindre 96 heures. Détenus au commissariat central de la ville, ils devraient être transférés dans la capitale avant la fin de la semaine.
"C’est le cœur de l’appareil logistique et militaire de l’ETA qui a été démantelé"
Fernandez Diaz, le ministre de l’Intérieur espagnol
Ce coup de filet fait suite à l’arrestation en octobre dernier à Mâcon de la chef de l’appareil logistique militaire d’ETA. L’organisation séparatiste basque, qui a annoncé en octobre 2011 qu’elle renonçait à la lutte armée, a toutefois conservé un appareil politique et un appareil logistique et militaire, dont le rôle est avant tout d’entretenir les nombreuses caches d’armes et de matériels disséminées sur le territoire français.
"C’est le cœur de l’appareil logistique et militaire de l’ETA qui a été démantelé", s’est félicité mardi Fernandez Diaz, le ministre de l’Intérieur espagnol, qui a apporté certaines précisions sur ce "brillant" coup de filet. Ces trois cellules étaient spécialisées : celle de Montpellier était notamment chargée de voler des voitures utilisées par la suite par l’organisation terroriste basque.
Une trentaine de membres d'ETA serait en France selon l'Espagne
Les deux hommes interpellés à Figuerolles sont ainsi soupçonnés d’avoir dérobé au cours des dernières semaines entre 20 et 30 véhicules. De son côté, la cellule de Brive-la-Gaillarde était consacrée à la fourniture et à la gestion des armes et des explosifs, tandis que les deux personnes interpellées à Blois étaient chargées de la fabrication de faux documents administratifs, pièces d’identité et autres.
Les autorités espagnoles estiment à l’heure actuelle qu’une trentaine de membres d’ETA sont toujours présents sur le territoire français.
http://www.midilibre.fr/2013/05/07/l-eta-delogee-a-montpellier,692599.php
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