Le 19 septembre 2012, vers 13 h, l’intérimaire sort du travail. Il rentre chez lui, un village du plateau de Maîche. « D’habitude, je suis en bus. Mais, le matin, je l’avais raté. J’ai pris la voiture exceptionnellement. » À hauteur de Pont-de-Roide, il sent la fatigue monter : « J’ai mis la radio, j’ai ouvert la vitre pour avoir de l’air ». Première embardée, panique, montée d’adrénaline. « Ça m’a réveillé, j’ai continué », explique le prévenu.
À Montandon, c’est le drame. Le Doubien s’endort, la voiture se déporte sur la gauche et percute de plein fouet celle d’un septuagénaire qui roulait tranquillement. Le Maîchois, 70 ans, décède peu après l’accident. Émotion du fils, lors de l’audience : « J’ai perdu mon père. Pour moi, cet homme reste un assassin, un chauffard. Il était réputé pour rouler vite », indique le proche.
« Je me suis dit que je pouvais rentrer »
Mais l’enquête n’a pas mis en lumière d’autres infractions : « Je comprends comme ça doit être douloureux de perdre un être cher. Mais il n’y a pas d’alcoolémie, le contrôle de stupéfiants est négatif, la vitesse n’est pas en cause. On n’a pas affaire à un chauffard », tient à préciser le président Troilo. Le magistrat questionne l’automobiliste poursuivi pour homicide involontaire. S’il a senti la fatigue le gagner, pourquoi ne s’est-il pas arrêté ? « J’étais à sept kilomètres de chez moi. Je me suis dit que je pouvais rentrer. D’habitude, je dors dans le bus », répond celui-ci.Représentant la partie civile, Me Euvrard veut que l’on entende « la parole d’un homme endeuillé » : « Son père travaillait de 5 h du matin jusqu’au soir. S’il est là aujourd’hui, c’est pour lui témoigner toute sa reconnaissance ». Jean-Baptiste Euvrard, fataliste, offre une plaidoirie mesurée : « Quelle que soit la décision de justice, elle ne changera rien. Quand on conduit, on prend le risque d’être l’auteur d’un accident ou la victime ».
À la défense, Me Bergelin juge les réquisitions (neuf mois de prison avec sursis et un an de suspension du permis) « sévères ». L’avocat revient sur les causes de la collision : « L’endormissement au volant, c’est un vaste sujet. On l’a tous ressenti. La fatigue altère notre discernement, on n’en a pas conscience. Ça peut tous nous arriver, ça m’est arrivé. Il ne faut pas confondre la faute et les conséquences ». Et de décrire un conducteur profondément meurtri, qui peine à exprimer ses émotions : « Un jeune courageux, qui prend tous les matins le bus pour aller au boulot ». Le tribunal est allé un peu en deçà des réquisitions. Le Doubien, sans casier judiciaire, a été condamné à six mois de prison avec sursis. Son permis lui a été retiré hier pour un an.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/05/17/fatal-endormissement
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