En septembre dernier, tandis que le tribunal correctionnel de Bordeaux venait de le condamner à huit ans de prison pour abus de faiblesse, séquestration et violences volontaires, Thierry Tilly avait lancé aux magistrats : « Ça ne fait que commencer. » Intarissable et procédurier, présenté comme le « gourou » des reclus de Monflanquin, l’homme n’a pas trahi sa promesse.
À partir d’aujourd’hui et jusqu’à vendredi, la cour d’appel de Bordeaux se penchera à son tour sur la retentissante affaire dans laquelle cet homme, en apparence inoffensif et sans charisme, est poursuivi pour avoir maintenu sous son emprise, et dépouillé de sa fortune, une famille de riches notables girondins et lot-et-garonnais.
Entre 1999 et 2009, onze membres de la famille de Védrine ont vécu coupés du monde, d’abord dans leur propriété de Monflanquin, dans l’arrière-pays villeneuvois, puis à Oxford, sous la conduite de Thierry Tilly, qui les avait convaincus de se protéger des francs-maçons, des pédophiles ou des rose-croix.
Doté d’indéniables talents de psychologue, n’hésitant pas à se présenter tour à tour comme un agent secret ou un informaticien, il avait pris sur cette famille d’aristocrates un ascendant tel qu’il avait pu l’inciter à se dépouiller de son patrimoine estimé à 4,5 millions d’euros. Une partie des fonds bénéficiera à une obscure fondation dirigée par Jacques Gonzalez, un homme que Thierry Tilly ne cessera de présenter comme son patron.
Condamné en première instance à quatre ans de prison ferme, Jacques Gonzalez a renoncé à faire appel. Thierry Tilly, assisté de son avocat Me Alexandre Novion, tentera de faire table rase des attendus du jugement prononcé il y a huit mois par le tribunal présidé par Marie-Élisabeth Bencal. Jugement qui le désigne comme principal responsable de la tragédie des Védrine.
Le tribunal avait conclu à un mécanisme « machiavélique » de sujétion psychologique mis en place par Thierry Tilly, assorti de pressions financières et parfois physiques sur une de ses membres. Pour les juges, Thierry Tilly s’était appuyé « sur la situation, l’histoire et le fonctionnement de la famille, dont il a su exploiter les failles, les rivalités et mesquineries ».
L’homme n’avait pas hésité à « placer les gens dans des conditions difficiles pour les conditionner », à « créer la zizanie chez eux », ou à « recourir à un vocabulaire spécifique tel les élus ou à la notion d’appartenance, tout en les conditionnant par la mise en place d’un système de surveillance ».
Thierry Tilly, qui bénéficie de nouveau de la présomption d’innocence, devrait expliquer qu’il ne pouvait à lui seul assujettir 11 personnes éduquées et insérées dans la bonne société bordelaise, et qu’il ne leur a rien fait faire qui soit contraire à leur volonté.
Cette fois encore, le prévenu, assisté de son avocat Me Novion, devrait pointer du doigt Jacques Gonzalez, mais aussi les rivalités qu’entretenaient les membres de la famille entre eux pour tenter de redistribuer les responsabilités.
« Aujourd’hui, mes clients ont commencé à se reconstruire. Ils sont plus forts et plus sereins que lors du premier procès », assure de son côté Me Daniel Picotin, qui assure la défense d’une partie de la famille.
Incontrôlable moulin à parole, Thierry Tilly n’avait pas hésité à faire le « show » en première instance, égrainant infatigablement un CV et un arbre généalogique difficilement vérifiables. La posture qu’adoptera cette fois le gourou présumé devant la cour d’appel constitue la première interrogation du second procès des reclus de Monflanquin.
http://www.sudouest.fr/2013/04/22/le-gourou-presume-en-appel-1031824-7.php
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