Cet entrepreneur en devenir, résidant d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a-t-il mal interprété le terme de « besoin de financement » ? C’est en tout cas ce qu’il a tenté de vendre hier, à l’audience correctionnelle, où il comparaissait. L’homme svelte à la chevelure rase et grisonnante a justifié son transport de 144,4 kilos de résine de cannabis… par la nécessité de financer sa petite entreprise de transport en devenir.
« Vous avez des dettes ? » a demandé le président. « Non, c’est pour créer mon entreprise », a répondu le prévenu. Effectivement un semi-professionnel du transport. Car le président n’a pas manqué de noter que le véhicule personnel de l’individu avait été utilisé pour plusieurs trajets, tous à destination de la frontière espagnole, Saint-Jean-de-Luz, ou le Perhtus. « Vous aimez les vacances sur la Méditerranée ? », a repris le magistrat. Non, non. Le prévenu n’aime pas les vacances, mais ses amis de la région parisienne, à qui il prête régulièrement son véhicule. Une confiance aveugle semble-t-il. À moins qu’il ne s’agisse de la peur du milieu d’Aulnay-sous-Bois, et de la nécessité de ne pas parler pour rester en bonne santé, selon Me Diallo, avocat du mis en cause.
Parking du Lidl à Hendaye
Pour ce transport de 144,4 kilos de résine de cannabis, le quadragénaire avait « dealé », une somme de 6 000 euros avec son commanditaire. Le transporteur de Seine-Saint-Denis a récupéré son chargement dans une Toyota stationnée sur le parking du supermarché Lidl à Hendaye, a-t-il indiqué, soutenant la version livrée lors de sa garde à vue, et échappant ainsi, lors du délibéré, à la partie « importation » de stupéfiants.
Il n’en demeure pas moins que l’entrepreneur en projet a été cueilli, par les douaniers, le 17 février à 20 h 30, dans la commune d’Urrugne en possession de l’importante quantité de stupéfiants que l’avocat de l’administration douanière a relevé, de même que de la qualité « hypertoxique » de la résine de cannabis « à 24 % de THC (1) ». Les chiens des douanes ont apprécié, en marquant l’arrêt devant le faux plancher aménagé dans le coffre.
Le passeur n’était pas seul dans son périple. Il était précédé par celui que Me Diallo a décrit comme le commanditaire du convoi, et qui est passé à travers les mailles du filet, non sans avoir communiqué par téléphone à son transporteur les divers contrôles douaniers sur sa route. L’homme au volant en a paniqué. Fait demi-tour. De quoi alerter les douaniers. Le transporteur a été condamné à quatre ans de prison ferme, 280 000 euros d’amende, confiscation des stupéfiants et du véhicule.
(1) Le Tétra-hydro-cannabinol est une molécule active du cannabis.
http://www.sudouest.fr/2013/03/29/trafiquant-createur-d-entreprise-1008689-4171.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire