mardi 12 février 2013

Périgueux : les racheteurs d'or montrés du doigt après les braquages des bijouteries

«Je suis en colère. C'est la faute aux commerces d'achat et de vente d'or si les gens viennent nous voler ! » Les propos de Françoise Duponteil, propriétaire de deux bijouteries à Périgueux, sont-ils fondés ?
Elle réagissait à chaud, mardi dernier, quelques heures après le braquage de la bijouterie Proust esplanade du Théâtre. Les voleurs y avaient pris exclusivement les bijoux en or que Martine Proust avait en dépôt-vente, et les diamants. Le vendredi précédent, le même scénario s'était joué à la bijouterie L'Or et l'argent, rue Limogeanne. Les malfaiteurs avaient aussi ciblé une enseigne qui achète des bijoux anciens en or.

Par ailleurs, plusieurs bijoutiers du centre-ville affirment voir régulièrement entrer dans leurs boutiques des clients victimes de cambriolages. « Ils viennent nous demander les factures des bijoux pour leurs assurances. La pauvreté augmente et le prix de l'or aussi. Ce n'est pas étonnant que ces bijoux suscitent la convoitise », assure une commerçante.
Certes, le prix de l'or peut expliquer cet engouement : il a augmenté de 500 % en 10 ans et le gramme se vend aujourd'hui aux alentours de 40 euros. Et puis les filières organisées, dont pourraient dépendre les braqueurs qui ont sévi à Périgueux, n'ont pas vraiment de mal à écouler la marchandise.
« Règles strictes »
D'après les enquêteurs, il y a de fortes probabilités pour que les bijoux volés à Périgueux soient fondus, puis revendus en lingots. « C'est le poids d'or qui les intéresse, pas les bijoux en eux-mêmes. La marchandise se vend facilement et elle est difficilement traçable », constate un policier.
Pourtant, « la loi impose des règles strictes », affirme Thomas Rivière, responsable de l'agence Comptoir national de l'or, installée depuis un an cours Tourny à Périgueux. Il réfute les accusations dont sa profession fait aujourd'hui l'objet. « Nous demandons la carte d'identité à tous nos clients. Nous consignons dans un livre de police électronique leurs coordonnées, l'objet en or et le montant que nous leur délivrons. Ce livre est consultable à tout moment par les forces de l'ordre », explique-t-il. Pour éviter les fraudes, la loi interdit depuis 2011 le paiement en « cash ». « Nous ne faisons que des chèques. Le possesseur ira logiquement le déposer à la banque et cet apport d'argent apparaîtra sur son compte. C'est plus difficile à cacher à l'administration fiscale… », remarque Thomas Rivière.
Commerce itinérant
Le professionnel affirme aussi « refuser tout or de provenance douteuse ». Depuis l'ouverture de l'agence à Périgueux, il voit des clients arriver avec des lingots. « Ceux-ci ont un numéro, le tampon de l'affineur et ses coordonnées. Si ce n'est pas le cas, nous refusons. »
Au-delà des enseignes bien installées et visibles, il y a aussi les commerçants d'or itinérant, « peut-être moins regardant », concède Thomas Rivière. Par nature, ils sont plus difficiles à contrôler. Mais selon lui, il est peu probable que les bijoux volés à Périgueux soient écoulés par leur biais. « Ces braqueurs organisés n'ont pas besoin de nous. Ils ont leur propre filière qui dépasse sûrement les frontières de la France ou de l'Europe. »

http://www.sudouest.fr/2013/02/11/braquages-la-faute-aux-enseignes-de-rachat-d-or-962671-1980.php

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