Ils sont revenus sur les lieux du crime. Hier matin, Nathalie Boutin, 39 ans et son amant Jean-Marc Arbouin, 38 ans, mis en examen pour l'assassinat de Cyrille Boutin, participaient sous bonne escorte et aux côtés de leurs avocats respectifs, Mes Dominique Laplagne et Uldrif Astié, à la reconstitution judiciaire organisée dans le cadre de l'instruction. Ils sont en effet soupçonnés d'avoir prémédité leur geste.
Le 31 octobre 2011, Cyrille Boutin, un Cavignacais de 39 ans, avait été retrouvé mort, au bord d'un point d'eau où il avait ses habitudes pour chasser le canard. Une scène de crime ouverte - très humide voire boueuse hier - et un obstacle médico-légal de taille puisque son dos portait la marque de plusieurs impacts.
Décès plus que suspect
Pas de trace apparente de lutte mais des coups de fusil, visiblement tirés quasiment à bout portant puisque les plombs ne s'étaient pas dispersés. Personne ne semblait avoir vu ou entendu quelque chose d'anormal. Il faut dire qu'il n'y a rien de plus anodin que des tirs au fusil un dimanche de chasse. C'est sa femme qui avait donné l'alerte.
Tout de suite, le décès avait évidemment été qualifié de suspect. Rapidement, les enquêteurs de la section de recherches (SR) de Bordeaux-Bouliac avaient écarté la thèse du suicide avant d'éliminer celle de l'accident de chasse.
Toute la division des atteintes aux personnes de la SR avait enquêté. De nombreuses personnes - voisins du couple, proches, membres de la famille, propriétaire du terrain où la macabre découverte avait été faite, personnel municipal - avaient été entendues. Et l'étau s'était resserré autour des proches de Cyrille Boutin. Car les gendarmes s'interrogeaient sur la véracité des explications données. Avec le sentiment qu'on ne leur disait pas tout.
Refaire les gestes
« Au fil des jours, les questions sont devenues doutes puis éléments de preuve », résumait le colonel Frédéric Bonneval, commandant de la SR Bordeaux-Bouliac, en décembre 2011. Les investigations s'étaient soldées par les arrestations de Nathalie Boutin, la veuve, et d'un ami de la famille, Jean-Marc Arbouin, hébergé sur le même terrain que le couple.
Amants depuis de longs mois, ils avaient à l'époque justifié leur participation aux faits par la violence du défunt. D'autres personnes avaient été arrêtées, pour avoir fourni un alibi à l'amant ou pour avoir caché son arme. Sans forcément savoir que le décès de Cyrille Boutin n'était pas un accident.
Toujours en détention provisoire, Nathalie Boutin et Jean-Marc Arbouin se sont pliés, hier, aux règles de la reconstitution. Il s'agissait, autour de la juge d'instruction, du vice-procureur Jean-Louis Rey et des avocats de la partie civile, de mieux comprendre le scénario et la chronologie du drame, de refaire les gestes reprochés à l'un et à l'autre. Avec un gendarme puis un mannequin en guise de victime.
Mais pour les mis en examen, si le décès a été précipité, il n'était pas prémédité. Il n'y aurait pas eu de mise en scène. La jeune femme n'aurait pas donné l'ordre de tuer son mari, n'aurait commis aucun acte dans la préparation ou l'accomplissement des faits.
Mais elle était effectivement présente au moment du drame, puisqu'elle accompagnait les deux hommes à la chasse. Quant à l'amant, il ne devrait pas aller jusqu'à plaider un jour la légitime défense, mais nierait tout plan conçu à l'avance.
Aux abords du plan d'eau, de nombreux chemins forestiers étaient condamnés par les gendarmes pour empêcher tout accès ou perturbation de la reconstitution qui a duré à peine deux heures
http://www.sudouest.fr/2013/02/21/reconstitution-du-crime-au-bord-du-plan-d-eau-972956-4723.php
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