dimanche 24 février 2013

Gironde : après une dispute, le mari avait volontairement mis le feu

Les gendarmes ne lâchent jamais une affaire. Celle que viennent de résoudre les enquêteurs de la Section de recherches (SR) de la gendarmerie de Bordeaux-Bouliac en est la preuve. Un peu plus d'un an après l'incendie d'une maison survenu à Salles, sur le bassin d'Arcachon, ils viennent de confondre le propriétaire des lieux qui dort depuis 48 heures sous les verrous du centre pénitentiaire de Gradignan après avoir été mis en examen pour le meurtre de sa femme. Philippe Fromentin, 63 ans, a passé des aveux circonstanciés lors de sa garde à vue. C'est bien lui qui a mis le feu à son habitation avec de l'essence alors qu'il savait que son épouse, Catherine, 60 ans, était à l'intérieur, inconsciente. Elle venait de lui dire son intention de le quitter, il l'a tuée.
Face aux preuves qui l'accablent, le suspect, qui bénéficie toujours de la présomption d'innocence tant qu'il n'a pas été déclaré coupable par une juridiction pénale, aurait raconté aux enquêteurs le déroulement de la soirée du 3 février 2012.

Ce soir-là, vers 22 h 30, les riverains du chemin de Basquin, à Salles, donnent l'alerte tandis que des flammes s'échappent de la maison des époux Fromentin, située au numéro 13. Les sapeurs-pompiers interviennent rapidement. Sur place, d'importants moyens sont déployés : les casernes de Salles, Biganos et Cestas maîtrisent le sinistre après quatre heures de combat afin qu'il ne se propage à une habitation mitoyenne.
Philippe Fromentin, secouru par les pompiers, est en état de choc. Il donne des explications confuses, raconte être sorti de justesse par une issue à l'arrière mais qu'il n'a rien pu faire pour sauver son épouse dont le corps est découvert calciné au milieu des décombres. Brûlé au niveau des jambes, il est évacué au CHU où il reste hospitalisé pendant quelques jours.
De maigres traces et indices Les gendarmes de Belin-Béliet et de la brigade de recherches (BR) de la compagnie d'Arcachon effectuent les investigations. Rien ne semble suspect. L'hypothèse accidentelle paraît tout à fait plausible avec les premières constatations. Catherine Fromentin aurait été surprise par le feu, prisonnière du brasier, et serait décédée dans le séjour à côté du poêle à bois actionné le soir des faits en raison de la température extérieure très basse.
Comme toujours en pareil cas, un expert en incendie est nommé par le parquet afin de faire toute la lumière sur les causes du sinistre. Au départ, une surtension du réseau électrique ou un défaut dans le système de chauffage ont été évoqués. Le couple habitait cette maison depuis deux ans et avait effectué des travaux d'embellissement. Philippe Fromentin, maçon à la retraite, s'est beaucoup investi pour rendre coquette cette demeure de plain-pied réduite en cendres dans la nuit du 3 février 2012.
Les techniciens en identification criminelle de la gendarmerie relèvent de maigres traces et indices en raison des difficultés liées au sinistre. Tout avait disparu, ou presque. Quelques mois plus tard, le rapport de l'expert est rendu. Pour ce dernier, le doute n'est pas possible : le feu a été allumé volontairement. Dès lors les gendarmes de la SR, saisis sous la direction du colonel Frédéric Bonneval, reprennent tout de zéro. Après avoir travaillé sur plusieurs pistes, les enquêteurs s'intéressent finalement de près à Philippe Fromentin. L'examen médico-légal leur a notamment appris que la victime n'était pas morte avant l'incendie. Ils explorent alors dans les moindres détails l'environnement du suspect et finissent par accumuler des preuves irréfragables à son encontre.
Philippe Fromentin avait imaginé le crime presque parfait. Il a échafaudé un plan dès que les secours sont arrivés et s'est positionné en victime, abasourdi par la disparition de sa femme. Mais la réalité est toute autre. C'est que que viennent de démontrer les enquêteurs de la Section de recherches. Des éléments, corroborés par le récit du suspect en garde à vue.
Après avoir passé la soirée en tête à tête et longuement discuté, Catherine Fromentin annonce à son mari qu'elle veut se séparer. Celui-ci ne comprend pas, demande des explications. Le ton monte. Que se passe-t-il ensuite ? Pour l'instant, il existe une zone d'ombre sur ce point de l'enquête. Toujours est-il que Catherine Fromentin, tombe, inanimée. Son mari, excédé, se rend au fond du jardin pour récupérer un jerrycan d'essence et en répandre dans la maison. Il craque une allumette, se brûle aux membres inférieurs, et sort précipitemment tandis que la maison s'embrase.
Après sa sortie d'hôpital, il est hébergé dans la famille avant de retrouver un logement à Mérignac. C'est là que les gendarmes sont allés l'interpeller, mardi matin.
À l'issue de sa garde à vue, il a été présenté au magistrat instructeur en charge de l'affaire. Mis en examen pour homicide volontaire par l'effet d'une substance incendiaire, il a donc été placé en détention provisoire.
Les investigations des gendarmes ne sont pas pour autant terminées.

http://www.sudouest.fr/2013/02/23/le-crime-etait-presque-parfait-975521-3263.php

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