jeudi 24 janvier 2013

Labarde (33) : un cas d'esclavage moderne de nouveau en justice

Un couple d'octogénaires avait été condamné en janvier 2012 par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour avoir exploité durant quinze ans à Labarde dans le Médoc un ouvrier agricole, Jérôme Peyruse.
André Bouzonnie, agriculteur à la retraite, âgé de 82 ans, avait été condamné à quinze mois de prison avec sursis et 63 000 euros de dommages et intérêts pour abus de faiblesse et conditions de logement indignes. Sa compagne, Thérèse Catrou, avait été relaxée pour abus de faiblesse sur un autre acteur de ce dossier, décédé il y a plusieurs années, mais condamnée pour ses actes vis-à-vis de Jérôme Peyruse à dix mois de prison avec sursis et 35 000 euros d'amende. Le couple avait décidé de faire appel. Hier, devant la 3e chambre de la cour d'appel, présidée par Michel Barrailla, André Bouzonnie et Thérèse Catrou ont de nouveau nié avoir traité Jérôme Peyruse comme un esclave.

Au cours d'une visite chez André Bouzonnie, dans le cadre d'une enquête qui ne le touchait pas directement, les gendarmes de Castelnau-de-Médoc avaient découvert ce petit homme frêle et les conditions dans lesquelles il vivait. Une simple caravane rouillée et insalubre lui servait de logis. Âgé de 64 ans, l'homme a des facultés intellectuelles limitées.
De là, les gendarmes avaient prolongé leurs investigations, ce qui avait conduit à la mise en examen puis à la condamnation du couple.
« J'ai eu pitié de Peyruse »
Pour Dominique Delthil, défenseur de Jérôme Peyruse, désormais adulte protégé puisque placé sous curatelle renforcée, il s'agissait tout simplement d'esclavage moderne.
L'enquête a fait apparaître que pendant quinze ans, Jérôme Peyruse a travaillé pour André Bouzonnie sans être payé, en étant considéré comme un moins que rien et logé dans des conditions déplorables. L'audience d'appel d'hier a ressemblé trait pour trait à celle de première instance. Le couple a nié toutes les accusations.
L'agriculteur à la retraite a redit qu'il avait sauvé la vie de Jérôme Peyruse en l'accueillant chez lui. Il a réaffirmé que Peyruse « voulait vivre dans cette caravane qu'il considérait comme son chez-lui, alors qu'il y avait une pièce en travaux pour lui dans la maison ».
Mais cette histoire de travaux est nébuleuse, tout comme les explications pour justifier les prélèvements de 300 euros par mois sur le compte de Jérôme Peyruse dès qu'il avait touché sa maigre retraite de 530 euros.
Face aux questions pressantes du président Barrailla, André Bouzonnie a perdu son calme durant quelques minutes. Il a menacé de poursuivre en justice certains témoins et clame qu'il a eu « pitié de Peyruse ».
Marine Cazaban, avocat général, a demandé que le jugement de première instance soit repris point par point. La décision a été mise en délibéré jusqu'au 12 mars.

http://www.sudouest.fr/2013/01/23/quinze-ans-sans-salaire-942968-2919.php

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