Après le faux gendarme interpellé par la police il y a quelques jours, voici la fausse enseignante. L'histoire est tout aussi invraisemblable. Cette femme de 41 ans, résidant à Mérignac, est parvenue à détourner à son profit le parcours universitaire et les diplômes d'une avocate bordelaise pour obtenir un emploi de professeur de droit et d'économie.
Depuis la rentrée scolaire 2011, elle enseignait comme vacataire en économie et gestion au centre de formation d'apprentis de l'industrie (CFAI) de Reignac, a dispensé des cours de droit aux bac pro et aux étudiants en BTS de l'école privée d'esthétique Aliénor à Bordeaux et assurait une dizaine d'heures de cours auprès des élèves de second cycle du lycée de la Côte-d'Argent à Biganos. Une vraie supercherie. Car l'enseignante n'a jamais été diplômée et ne possède qu'un baccalauréat professionnel, obtenu en 1990.
Inscrite à la faculté
Le pot aux roses a été découvert de manière tout à fait fortuite par la responsable des affaires juridiques de l'université Bordeaux 4. Celle-ci s'est rendu compte d'un problème informatique en consultant le cursus d'une ancienne étudiante, inscrite aujourd'hui au barreau de l'Ordre des avocats de Bordeaux. La responsable s'est tout simplement aperçue qu'un (ou une) inconnu avait utilisé l'identifiant de l'étudiante pour se faire délivrer des attestations d'obtention de diplômes : maîtrise en droit pénal, certificat en criminologie, Deug d'économie. L'avocate, médusée, a immédiatement déposé une plainte entre les mains des services de police. Une enquête a été ouverte, et les investigations ont été difficiles à mener. Les policiers ont appris que l'usurpateur était une femme susceptible d'avoir grugé le Pôle emploi et le rectorat.
Grâce à son inscription à la faculté comme auditrice libre, la Mérignacaise disposait d'une carte d'étudiante, et c'est ainsi qu'elle a pu, par hasard selon elle, se connecter au profil universitaire de l'avocate pour établir un CV, présenter de faux diplômes et se faire embaucher comme professeur.
Elle s'est plongée dans les bouquins et est parvenue à faire illusion auprès de ses élèves, qui, semble-t-il, ne se sont jamais plaints de lacunes de leur « prof ».
Une « erreur »
Identifiée par les policiers, elle a été convoquée en début de semaine au commissariat de Mérignac. Placée en garde à vue, elle a été interrogée par les officiers de police judiciaire de la brigade de sûreté urbaine (BSU). Lors de son audition, elle aurait reconnu les faits mais prétexte une « erreur » plutôt qu'un acte intentionnel de sa part lorsqu'elle a eu accès aux données informatiques. La fausse enseignante n'aurait pas corrigé d'épreuves à un examen, selon ses déclarations.
Désormais, son horizon s'est obscurci. Elle n'a plus de travail, et la justice devrait prochainement lui demander de s'expliquer pour les délits de faux et usage de faux en écriture publique et privée, notification frauduleuse de données, usurpation d'identité et escroquerie. Le rectorat et les établissements trompés pourraient se constituer parties civiles aux côtés de l'avocate.
http://www.sudouest.fr/2013/01/24/c-etait-une-fausse-prof-944476-2770.php
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