« Je suis aussi peu sûr de sa culpabilité que de son innocence mais il y a un gros doute dans ce dossier », déclare Me Pierre-Luc Receveur, avocat de celle que l'on a (trop ?) rapidement surnommée « L'empoisonneuse de Cézac ». Certes connue de la justice pour des faits d'escroqueries, cette femme de 67 ans était en détention provisoire depuis le 7 octobre 2011, soupçonnée d'avoir tenté d'empoisonner une quadragénaire bordelaise en lui faisant absorber un pesticide, de l'aldicarbe. Ce produit est interdit à la vente depuis 2004 et à la commercialisation depuis 2007, à l'exception du traitement de la vigne et des cultures de betteraves à sucre.
Le 3 septembre 2011, un repas est organisé dans l'appartement occupé par la victime, cours de la Somme à Bordeaux. Celle-ci est en compagnie de la sexagénaire, qu'elle connaît et appelle affectueusement sa « tante ». La fille de « l'empoisonneuse » présumée est également présente. Tout se passe très bien lorsque, soudain, la quadragénaire s'effondre, prise de violents maux de tête, de nausées et de troubles respiratoires. Plongée dans le coma pendant quatre jours, elle est autorisée à regagner son domicile. Le 15 septembre, une seconde fois, toujours lors d'un repas en présence des mêmes personnes, la quadragénaire bordelaise est prise d'étourdissements après avoir mangé un plat et un dessert achetés chez un traiteur. Quinze jours plus tard, elle se confie aux policiers de la brigade criminelle de la Sûreté départementale et déclare que sa « tante » a fait des achats avec sa carte bancaire et son chéquier, ouvert un compte et souscrit des contrats d'assurance-vie avec son argent.
« Pas d'élément objectif »
Cette version ne tient pas, selon Me Receveur, car « la victime a émis plusieurs contre-vérités devant le juge d'instruction, qui remettent en cause sa bonne foi et donc la culpabilité de ma cliente ».
Reste que l'enquête de la police a permis d'apprendre que le mari de la sexagénaire est décédé dans des conditions très troublantes en septembre 2009. Il aurait présenté des symptômes similaires et notamment une faiblesse respiratoire. Il serait tombé, frappé par un malaise, après avoir bu un café préparé par son épouse. « Tout cela me heurte », lâche le conseil de la sexagénaire, qui vient d'obtenir sa mise en liberté devant la chambre de l'instruction. « Parce qu'il n'y a pas d'élément objectif ou matériel permettant de conclure à sa culpabilité », insiste Me Receveur.
Les magistrats de la cour d'appel ont confirmé l'ordonnance du magistrat instructeur, considérant « qu'en l'état de la procédure et des investigations accomplies, la détention provisoire n'apparaît plus nécessaire à la manifestation de la vérité […], un contrôle judiciaire contraignant étant suffisant ». Le parquet avait estimé que des pressions étaient susceptibles d'être exercées sur des témoins ou victimes et avait demandé son maintien en détention.
http://www.sudouest.fr/2013/01/30/l-empoisonneuse-est-libre-950669-2780.php
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