lundi 3 décembre 2012

Villeneuve-sur-Lot (47) : le procès Larroche, vingt ans après

Le magistrat serait-il plus prompt à tweeter durant les audiences qu'à juger ? La vanne est certes facile depuis certaines mésaventures montoises, cependant elle ne devrait pas faire rire l'ancien maire de Villeneuve-sur-Lot, Claude Larroche, qui, vingt ans après la faillite et l'effondrement du groupe familial, voit son procès s'ouvrir ce matin devant la 3e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Toulouse.
Trop lente, la justice, mais elle a de la mémoire. Mis en examen en 1993 pour banqueroute, faux et usage de faux, escroquerie et abus de biens sociaux, Claude Larroche, alors directeur du groupe agroalimentaire du même nom (qui possédait les conserveries de Saint-Sylvestre, Marmande et Bergerac) et premier édile de la ville, se souvient sans nul doute lui aussi qu'il avait purgé 84 jours de détention provisoire.

80 millions de passif
À la barre de la juridiction toulousaine sont également convoqués ce matin son frère, Jean, et ses neveux, Patrick et Michel. Avec 12 chefs de prévention, c'est toutefois Claude Larroche, 74 ans aujourd'hui, qui sera en première ligne dans une affaire d'une complexité à donner la migraine. La justice reproche à ces membres de la famille Larroche d'avoir fait des faux pour dissimuler la réalité comptable d'une société qui avait réussi, pour la petite histoire, le tour de force de voir Elf s'engager à ses côtés à hauteur de 200 millions de francs (Elf sera d'ailleurs condamné par la justice à éponger une partie du passif). Avant que l'histoire ne tourne au Waterloo judiciaire, le groupe Larroche avait connu le temps du succès et des splendeurs. Un an avant d'être purement et simplement liquidée, la conserverie Larroche avait fêté comme il se doit son centenaire.
L'entreprise connaissait depuis les années 1980 une ascension qui semblait irrésistible, jusqu'à devenir un fleuron de l'économie régionale. Trois unités de production, la création d'une filiale d'élevage avec un atelier d'engraissement à Saint-Aubin susceptible d'accueillir 2 000 têtes de bétail, un processus de conditionnement à la vapeur sous vide jugé révolutionnaire, l'arrivée d'Elf… Bien malin celui qui aurait pu prévoir la chute vertigineuse qui allait suivre. Le passif, tout compte fait, se serait élevé à plus de 500 millions de francs (80 millions d'euros). Mis en cause, les Larroche n'ont jamais cessé de clamer leur innocence dans cette affaire, imputant la responsabilité de la faillite aux banques et à l'administrateur judiciaire.
Dislocation
Après la liquidation devant le tribunal de commerce, en octobre 1992, et la dislocation de l'empire familial, Claude Larroche et son frère, Jean, avaient été placés en faillite personnelle par la cour d'appel d'Agen en 1995. Les Larroche, qui ont multiplié les recours - ce qui explique en partie les lenteurs de la justice -, sont attendus ce matin dans le cadre de ce qui est le volet pénal de l'affaire.
Cinq jours de débat sont prévus. Ce ne sera pas superflu pour traiter un dossier d'un volume rédhibitoire qui encombre deux immenses armoires depuis des années. Des milliers de pages de procédure et des boîtes de conserve qui portent encore le nom de la famille (écoulées en Espagne et en Italie), voilà ce qu'il reste de l'empire Larroche.

http://www.sudouest.fr/2012/12/03/le-proces-larroche-enfin-897072-7.php

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