lundi 5 novembre 2012

Le deuil impossible de Patricia

Un Rethélois est décédé de manière curieuse à la clinique de Courlancy en juin dernier. Sa veuve n'arrive pas à faire son deuil. Trop de zones d'ombre.
C'est une terrible histoire qui est arrivée à Patricia Letailleur. Elle a vécu pendant dix ans avec son compagnon, Guy Langrené, un homme qui était employé à l'hôpital de Rethel et qui, selon les termes de celle qui partageait sa vie, « n'a jamais été malade, il ne savait pas ce qu'étaient les médicaments ».
Il y a trois ans, à l'âge de 55 ans, il s'est cassé le dessus du pied, attrapant par la même occasion de l'algoneurosdistrophie, la maladie des os qui se cassent. En juillet 2011, il reprend son travail et, en décembre, il est victime d'un petit accident à l'hôpital de Rethel en raison de sa faiblesse osseuse, il se fait mal au genou droit. Le 4 juin 2012, l'homme téléphone à Patricia et lui apprend qu'il est tombé dans le couloir, on l'emmène aux urgences. Là, on le dirige sur Reims pour une opération du fémur cassé.
Il entre donc à Courlancy, en bonne forme, hormis son fémur cassé. L'opération est prévue pour le 6 juin. Tout se déroule apparemment normalement. « Il s'est réveillé vers 14 heures, il était bien. Du moins, c'est ce que je pensais », raconte Patricia.
Mais, le lendemain, l'état de santé de Guy commençait à se dégrader. « Je l'ai vu à 14 heures, il n'était pas beau, pas bien, pas tranquille. Il était gonflé, bleu, sa tête était ailleurs. J'ai appelé l'infirmière pour lui signaler que Guy souffrait, on m'a dit que c'était normal. »
Complications
Le lendemain, même topo. Le compagnon de Patricia était vidé, très fatigué. Il a fait une chute de tension à 6, on ne sait pas pourquoi. Le 8 juin à 20 heures, Guy exprime une souffrance extrême à sa compagne. Dans la nuit, le service anesthésie appelle Patricia, qui, endormie, ne comprend pas la nouvelle…
Le lendemain, elle apprend officiellement la mort de son concubin. « C'est atroce, dit-elle. Je ne sais même pas de quoi il est mort, on m'a simplement dit qu'il était mort d'un problème digestif, sans explication, alors qu'il n'avait rien à ce niveau-là en entrant. C'est affreux ! »
Depuis, Patricia traîne sa peine et ses questions. « Je ne peux pas faire mon deuil, la douleur est omniprésente. J'ai demandé à voir le dossier médical, aucune réponse fiable, je me demande si tous les examens ont bien été pratiqués. L'ARS (agence régionale de santé) m'a envoyé un courrier m'indiquant qu'il a eu des complications digestives, je ne sais pas ce que cela veut dire, on ne me dit rien. Pour moi, il y a eu un dysfonctionnement quant à sa prise en charge. »
Patricia Letailleur a saisi la commission des relations avec les usagers, dans l'espoir d'avoir des réponses.
En attendant, elle ne parvient pas à tourner la page, comme s'il lui manquait un élément du puzzle pour faire son deuil.

http://www.lunion.presse.fr/article/marne/le-deuil-impossible-de-patricia

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