S'il est attesté que de très nombreux Brésiliens font des prouesses acrobatiques avec un ballon rond, il a été démontré jeudi, devant le tribunal correctionnel de La Rochelle, que trois ressortissants de ce vaste pays savaient aussi parfaitement jongler avec les comptes bancaires ouverts avec de faux papiers. Ces derniers avaient été achetés dans l'environnement d'un café-brasserie d'Ivry-sur-Seine, la Clef d'Or.
Une piste de faussaires que les enquêteurs de la gendarmerie nationale, une fois les trois hommes interpellés début septembre 2011, à Châtelaillon (près de La Rochelle), avait creusée sans débusquer les malfaiteurs.
Alias et cavalerie
Avant de se retrouver en détention provisoire (quatorze mois pour deux qui étaient aussi en situation irrégulière, huit mois pour le troisième), les trois hommes, dotés de la nationalité portugaise grâce à des faux documents administratifs, utilisèrent, courant 2011, des moyens de paiement (cartes bancaires et chéquiers) mis à leur disposition. Et ce dans différentes banques situées à La Rochelle, son agglomération, Niort mais aussi dans la petite commune de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres).
Chacun des prévenus avait utilisé plusieurs alias, ce qui multipliait les combinaisons, d'autant que les uns et les autres se faisaient des virements pour alimenter un temps les comptes, afin de ne pas se faire repérer par un découvert trop flagrant.
Les trois hommes avaient mis en place un processus financier, dit de cavalerie. Ce qui leur permit de vivre surtout à crédit et d'améliorer leur quotidien à Châtelaillon, où ils avaient élu résidence. Le loyer était payé rubis sur l'ongle.
De temps en temps, du liquide ou des chèques tombaient sur certains des comptes. Ces versements provenaient de travail effectué au noir ou encore, pour l'un des prévenus, de la vente illégale, au Portugal, de trois voitures de location, dont les contrats de mise à disposition avaient été effectués à La Rochelle ou alentours.
Préjudice et flux
La machine à « faire des sous » était donc bien rôdée mais au fur et à mesure, la liste des commerçants, avec des chèques non honorés par les banques, s'agrandissait. Le préjudice, du moins celui des parties civiles constituées à l'audience, s'élevait à 26 600 euros. Parmi les différents commerçants, seules deux banques demandaient leur dû.
Quant à la procureure, Valérie Gaillot-Mercier, tout en dénonçant le fait que les trois prévenus avaient profité, « en France, terre de liberté, des failles de notre système basé sur le déclaratif », elle insistait sur un flux financier entre les très nombreux comptes : « Il se situe à hauteur de 150 000 euros. »
La magistrate requérait des peines entre deux et trois ans de prison ferme, avec interdiction du territoire français pendant cinq ans et maintien en détention pour les deux prévenus se trouvant dans le box.
L'ombre de l'affaire Kerviel
Alors que toute l'audience avait tourné autour de l'existence d'une escroquerie en bande organisée, les deux avocats, Me Erik Sainderichin et Me Victor Domingues, éreintèrent en des termes plus ou moins crus et militants le système bancaire accusé d'avoir participé, par sa logique commerciale, à ses propres déboires.
La palme de la critique à l'allure libertaire revenait au premier défenseur. Plaidant la relaxe de ses deux clients, il fustigeait les réquisitions du ministère public en les mettant en balance avec la récente condamnation, en appel, de l'ancien trader de la Société générale, Jérôme Kerviel.
Le tribunal condamnait deux prévenus à dix-huit mois de prison ferme avec interdiction du territoire français pendant cinq ans. Le maintien en détention était ordonné. Le troisième écopait de vingt-quatre mois de prison. Les trois hommes doivent, pour l'essentiel, rembourser solidairement les parties civiles.
http://www.sudouest.fr/2012/10/27/les-bresiliens-jonglaient-avec-les-comptes-bancaires-862325-1391.php
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