Kheltouma Benkhemmassa est décédée le 31 décembre 2009, à l'âge de 51 ans, d'un coup de couteau à la cuisse… porté 9 jours auparavant. Depuis hier, la cour d'assises de la Marne se penche sur la responsabilité de son compagnon, Michel Toumert, auteur présumé du coup… Un coup qui n'était pas mortel à l'origine.
LE regard vide, presque apeuré, Michel Toumert, 57 ans, les cheveux grisonnants, peine à s'exprimer. Il ne se souvient « plus de rien ». Depuis deux ans, il souffre de problèmes de mémoire. De sa dispute avec Kheltouma Benkhemmassa, décédée le 31 décembre 2009 des suites d'un coup de couteau à la cuisse gauche, il n'a plus vraiment de souvenirs. « C'est regrettable… Je ne peux pas en dire plus… »
Debout, les bras croisés, tendu, il va se livrer avec réserve sur son passé, sa vie. Il va reconnaître des problèmes d'alcool, pour lui comme pour elle… Ils avaient uni leur consommation. Du whisky, de la bière au quotidien. « Elle buvait de trop… Je buvais moins qu'elle. »
Eloignés du monde, ils vivaient ensemble depuis 16 ans, reclus dans leur appartement du quartier Croix-Rouge. Une volonté commune de ne pas avoir de contacts avec l'extérieur. Ils n'avaient pas d'amis, aucun lien avec leurs familles… Ni l'un, ni l'autre. Ils ont fait le vide autour d'eux.
Au chômage, ils vivaient dans une extrême précarité. A deux avec 600 euros par mois. Souvent, Michel a voulu « en finir » avec la vie. Il a d'ailleurs fait huit séjours en hôpital psychiatrique. L'expert psychiatre relèvera d'ailleurs « une altération du discernement » au moment des faits.
Dans cette vie de misère sociale, ils vivaient leur amour à huis clos sur fond de disputes conjugales, de violences réciproques. Une relation violente, pathologique. Ils s'aimaient à leur façon. Michel parlera « de sentiments forts, d'un côté comme de l'autre ». Un coup de foudre. Ce qui n'empêchait pas la police de se rendre fréquemment à leur domicile… Huit interventions de police entre 2004 et 2009. La dernière en date remonte au 10 décembre 2009… seulement quelques jours avant ce qui sera leur dernière dispute.
« Elle voulait me tuer »
« Les disputes ont commencé dès les premiers jours », reconnaît Michel Toumert, condamné à trois reprises pour « violences conjugales » sur sa compagne. C'était leur mode de fonctionnement… Pour autant, elle le frappait aussi. « Elle, elle me tapait dessus avec des casseroles, des assiettes, un cul de bouteille… Elle a essayé de m'égorger… Elle était ivre. Je n'ai jamais porté plainte contre elle. Je n'osais pas… Elle m'a martyrisé pendant 16 ans. J'en ai jamais parlé. J'avais honte. »
Ce 22 décembre 2009, une dispute, comme il y en avait souvent, éclate. Une nouvelle scène de violence. « Elle était dans la cuisine, elle a pris un couteau… Elle a dit « mange, t'es mort ». J'étais alcoolisé et sous cachet. Elle aussi était alcoolisée. Elle a essayé de me tuer. Elle voulait me porter un coup à la gorge. Je l'ai désarmée, j'ai pris le couteau et je l'ai planté dans la cuisse… Je ne voulais pas. Elle m'a planté et moi j'ai fait la même chose. Ça saignait beaucoup. J'ai fait un garrot. Je lui ai demandé si elle voulait que j'appelle les secours, elle a dit non. Elle ne voulait pas quitter ses bébés (NDLR : son chien et ses deux chats). »
Kheltouma n'est plus jamais sortie de l'appartement. « J'ai appelé le Samu… Je ne me souviens plus… » Les souvenirs sont confus dans sa tête.
Lorsque les secours sont arrivés le 31 décembre 2009, à 5 h 35, Kheltouma était allongée au sol dans le salon, sur une simple couette, décédée des suites d'un choc hémorragique et d'un probable arrêt cardiaque. Dans un état de confusion extrême, Michel Toumert pensait que la dispute remontait à la veille au soir… Le coup de couteau avait été porté le 22 décembre entre 20 et 21 heures.
« Elle voulait pas aller à l'hôpital… » Interrogé sur le fait qu'il était sorti à quatre reprises de l'appartement entre le 22 et le 31 décembre, dont deux fois pour aller voir son médecin, et aurait donc pu alerter les secours, Michel Toumert n'a eu d'autres réponses. « Elle voulait pas… Elle voulait rien entendre. Elle était têtue pour ça. »
Soignée, Kheltouma serait encore en vie aujourd'hui (lire par ailleurs). La plaie n'était pas mortelle. Sa survie dépendait de soins chirurgicaux rapides…
Le procès va se poursuivre jusqu'à ce soir. L'Accusé encourt 20 ans de réclusion criminelle.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/le-huis-clos-amoureux-avait-tourne-au-drame
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