Onze frères et sœurs qui vivent entassés les uns sur les autres. Peu d’argent, une éducation sommaire. Un père démissionnaire, une mère difficile. Mis en examen pour le meurtre de Nathalie Davids à Savigny-sur-Orge (Essonne) le 27 novembre dernier, Michel Courtois, 46 ans, n’a pas été choyé par la vie. Suspect numéro un pendant quatre mois, il passe peut-être sa dernière journée en prison (voir encadré) après la mise en cause vendredi de Yoni Palmier, 33 ans, déjà suspecté de trois autres meurtres dans le département.
Un rebondissement qui, s’il se confirme, sonnera comme une maigre revanche pour le gamin de Coulonvillers (Somme) au parcours cabossé.
Cette enfance de privations, Christophe et Joël, deux des trois frères de Michel, l’ont partagée. « Nous habitions une maison trop petite pour nous tous, se souvient Christophe, âgé de 42 ans. Nous dormions dans la même pièce, certains dans le même lit. » Les revenus du foyer sont minces : le père, Michel, est ouvrier dans une usine de plastique. La mère, Renée, est femme au foyer. « Papa partait tôt le matin et rentrait tard le soir, il ne s’occupait pas beaucoup de nous », se rappelle Christophe. La mère, elle, est décrite comme « très dure ». « Elle nous grondait tout le temps, avec des punitions parfois humiliantes, poursuit Christophe. Une fois, j’ai dû traverser le village déguisé en fille pour racheter une bouteille de lait que j’avais cassée. » « Elle ne nous donnait pas d’argent. Il fallait se débrouiller pour acheter nos affaires », ajoute Joël, 47 ans.
Pour le jeune Michel, la débrouille est synonyme de vol. « Il s’est retrouvé quelquefois au commissariat », admet Christophe. « Il volait des Carambar, des petites choses comme ça », complète Joël. Mais, lorsqu’il s’agit de décrire le caractère de celui qui reste suspecté de meurtre, les deux frères s’opposent. « Il était très soupe au lait, il pouvait s’énerver pour un rien et devenir très agressif », jure Christophe, qui a coupé tout lien. « Il n’a jamais fait de mal à personne. Pour moi, il est impossible qu’il ait pu tuer quelqu’un. En revanche, il y a dix ans, je lui ai prêté de l’argent qu’il ne m’a pas rendu, et depuis on est brouillés », soupire Joël.
Dans la fratrie, personne ne suit de longues études. Michel vit de petits boulots. Il travaille pendant plusieurs années pour une usine de lait située à quelques kilomètres d’Abbeville. Joël devient boucher. Christophe tient une boutique d’informatique. Au décès du père, la fratrie se déchire pour le maigre héritage. Aujourd’hui encore, les liens sont restreints. « Je ne vois plus personne depuis des années » confirme Christophe, tandis que Joël n’a gardé le contact qu’avec l’une de ses sœurs. Les deux ne veulent plus voir leur mère, qui vit toujours dans la Somme. Et si Michel est finalement libéré? Seul Joël s’enthousiasme. « J’oublierai nos différends et je lui ouvrirai grand ma porte », promet l’aîné sans hésiter.
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