Le 29 août 2010, le corps d’Abderhamane Zelmati, froidement tué de deux balles de 7,65 mm, était retrouvé dans les toilettes de son appartement, rue Chartran, à Carcassonne.
Saisis de l’enquête, les policiers de la PJ de Perpignan mettront cinq mois pour identifier l’auteur présumé de cet assassinat. C’est ainsi que Saïd Abouchiche a été interpellé devant la gare SNCF de Carcassonne, le 25 janvier 2011, avant d’être mis en examen pour assassinat et placé en détention provisoire.
Il clame son innocence
Incarcéré à Perpignan depuis le 2 février 2011, Saïd Abouchiche, 50 ans, clame toujours son innocence. Depuis peu, c’est Me Fabien Large-Jaeger, du barreau de Perpignan, qui a repris le dossier en mains. "Nous sommes en pleine erreur judiciaire", martèle le pénaliste catalan.
Il faut dire que, dans cette affaire de nature criminelle, toujours à l’instruction au pôle de Narbonne, "le gros problème résulte de l’absence de preuves matérielles. C’est le dossier de la rumeur, des fantasmes et de la vengeance..."
Des témoignages
Selon nos informations, les enquêteurs de la PJ n’auraient en leur possession que des témoignages selon lesquels Saïd Abouchiche aurait confié avoir tué “Abdé”, l’une des personnes ayant déposé ayant même fait part d’un détail sur la scène de crime que seul le tueur pouvait connaître.
En revanche, aucune trace du revolver de calibre 7,65 qui aurait servi à tuer Abderhamane Zelmati. Et pourtant, selon un patron de bar carcassonnais victime d’un cambriolage en 2008, c’est Saïd Abouchiche qui lui a volé cette arme : "Il s’en est vanté auprès d’amis. C’est sûr que c’est lui..."
Pour Me Fabien Large-Jaeger, "c’est le monde à l’envers ! Depuis que ce patron de bar est revenu sur sa déposition pour son agression, tout le monde évoque la dangerosité d’Abouchiche".
Aucune preuve matérielle
Autre point sur lequel la défense s’insurge : la non-communication du rapport balistique depuis près de deux ans. "Les premières constatations ont mis en avant que le tireur devait mesurer 1,80 m. Or ce n’est pas le cas de Saïd Abouchiche... Dans ce dossier, on va donner du crédit à des témoins indirects, mais on n’apporte aucune preuve matérielle. Mais je suis déterminé à obtenir ce rapport, sans lequel il n’y aura pas d’issue favorable pour Saïd Abouchiche !"
Concernant son client, Me Fabien Large-Jaeger estime qu’il présente "un profil qui n’est pas celui de quelqu’un qui commet le crime parfait. C’est un sanguin qui va se battre spontanément, ce n’est pas un calculateur. Et il n’y a pas de mobile sérieux. Dans cette affaire, la méthode choisie pour tuer Zelmati est celle du grand banditisme !"
Une exécution liée au grand banditisme ? Pourquoi pas...
Mais cette affaire pourrait aussi être liée à un règlement de comptes, dans le cadre d’une transaction de drogue qui aurait mal tourné. C’est du moins ce que défend Saïd Abouchiche, qui affirme qu’“Abdé” aurait été tué par une tierce personne, suite à une transaction de drogue où, en guise de cocaïne, il se serait fait remettre du sucre en poudre, pour la somme de 25 000 €.
"C’est une version qui était vérifiable... Cet assassinat, ce n’est pas du petit Abouchiche qui n’a jamais eu deux sous devant lui. C’est un paumé. Il consomme de la cocaïne, certes, mais c’est pas un revendeur !"
On le voit, de nombreuses zones d’ombre persistent dans cette affaire, pour laquelle Me Large-Jaeger sera à nouveau devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Montpellier, demain, pour plaider une nouvelle demande de remise en liberté de son client.
http://www.midilibre.fr/2012/03/26/said-abouchiche-victime-d-une-erreur-judiciaire,476769.php
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