lundi 20 février 2012

Doubs :une 308 RCZ contre un chèque de banque de 27 000 €...en bois

En vingt ans, René Requet et son épouse Marie-Jeanne n’avaient jamais vu cela. À leur place, beaucoup seraient également tombés dans le panneau, tellement cet acheteur parisien venu chercher leur 308 RCZ par le train un vendredi soir contre un chèque de banque de 27 000 €, inspirait confiance. Ce n’est que le samedi matin, à la banque, que ces collaborateurs Peugeot ont découvert l’escroquerie.
Ce coupé sport, c’était le cadeau de retraite de René. Pas du genre bling-bling, René, juste la concrétisation de vingt années de collaboration sérieuse. Une belle voiture qui attire l’œil. Et les escrocs. « Il nous a dit qu’il avait vu l’annonce sur Le Bon Coin. On avait reçu beaucoup de coups de fil. Après coup, on se dit que tout cela était peut-être organisé », explique René. « Il nous a dit qu’il venait de Paris. »

« je l’ai emmené à la gendarmerie pour prélever l’ADN »

L’homme, d’origine africaine, grand gaillard costaud avec un accent, appelle le jeudi pour dire qu’il a raté son train. Rappelle le vendredi pour confirmer qu’il arrivera en gare de Clerval à 20 h 45. René et Marie-Jeanne font le taxi. La transaction dure trois quarts d’heure. L’acheteur remplit le certificat de cession au nom de Teddy Bardocha et renseigne tous les autres champs sans aucune hésitation. « Il nous a donné le chèque de banque à l’en-tête de la Société Générale. Nous a parlé de lui, de sa femme, bretonne, de ses deux petites filles... Puis on l’a reconduit avec notre 106 jusqu’à l’entrée d’autoroute à L’Isle-sur-le-Doubs. Après-coup, je m’aperçois qu’il était trop poli pour être honnête », peste Marie-Jeanne qui, plus de six mois après les faits, ne digère toujours pas l’arnaque. Parce qu’elle se sent volée mais aussi parce que l’enquête n’avance pas. « Par acquit de conscience, le samedi matin, en déposant le chèque à la banque, on a demandé au conseiller de vérifier s’il était valable. » Le responsable de l’agence francilienne de la Société Générale confirme que ce client est inconnu de leurs fichiers.
Patatras. Les Requet voient tout leur fonds de roulement s’évaporer en quelques secondes. Dépôt de plainte à la brigade de L’Isle-sur-le-Doubs pour « escroquerie et vol de véhicule ». René et Marie-Jeanne tentent de se remémorer les moindres détails. Sans identité, sans interlocuteur au bout du numéro de portable que l’acheteur leur a laissé, sans l’autorisation de visionner la vidéo enregistrée dans le hall de la gare de Besançon, leur recherche revient à trouver une aiguille dans une meule de foin. De plus, les quelques photos présentées par les gendarmes doubiens ne leur évoquent absolument rien. « On lui avait offert un verre, je ne l’ai pas lavé et je l’ai emmené à la gendarmerie pour prélever l’ADN. Je suis retournée à la brigade trois jours après, le verre était encore au même endroit ! »
Le véhicule est aujourd’hui gagé. « Il ne peut plus être immatriculé en France », indique un gendarme. « On a vérifié : l’escroc a emprunté le nom d’une tierce personne, laquelle a d’ailleurs déposé plainte pour usurpation d’identité. »
Cette pratique est de plus en plus fréquente, confirme cet employé de banque. « Les acheteurs qui l’utilisent s’arrangent toujours pour que la banque du vendeur ne soit pas joignable immédiatement. »
En résume, René et Marie-Jeanne viennent d’offrir leur 308 RCZ quasi neuve à un inconnu. Car l’assurance qu’ils ont souscrite au Crédit Agricole ne couvre pas ce type de préjudice. « Pour eux, c’est un vol par ruse et on ne sera pas indemnisés. »
http://www.estrepublicain.fr/doubs/2012/02/20/27-000-envoles

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