Main basse sur 200 000 euros de bijoux

L'une des trois bijouteries du centre-ville a été cambriolée dans la nuit de dimanche à lundi. Le casse aurait été commis par des professionnels.

«C'EST marqué « Entrer sans frapper ». Ici, ils ont frappé et frappé fort ! » Petite pelle et balayette à la main, Alain Leat, 56 ans, bijoutier depuis quatre générations, tente de garder son humour malgré les circonstances.
Dans la nuit de dimanche à lundi, vers 3 h 30, sa bijouterie, implantée au n° 40 de la rue de la Tour, juste en face de la police municipale, a été cambriolée. « J'ai été réveillé par l'alarme. Mais comme celle-ci se déclenche de temps en temps, je me suis dit que ce n'était pas la peine de me presser, raconte Alain Leat. Quand je suis descendu, j'ai été sous le choc… » Le bijoutier découvre avec horreur des vitrines… vides. Diamant, or, pierres précieuses… tous les bijoux de valeur ont été volés. Seuls les bijoux fantaisie et en plaqué or sont restés en place.
Réveillés par le bruit d'une « grosse cylindrée qui démarre à toute vitesse », des voisins donnent l'alerte. En moins de deux minutes, les gendarmes de Vitry-le-François arrivent sur place. Trop tard. Les cambrioleurs ont déjà pris la fuite. Le plan Hibou est aussitôt activé dans le département.

« Comme dans Les Experts »
« Toutes les équipes de gendarmerie de chaque unité de la compagnie sont sorties pour tenir des endroits stratégiques, notamment le long de la RN4 », indique le commandant Martin, de la compagnie de gendarmerie de Vitry-le-François. Le dispositif est maintenu une partie de la nuit.
Un technicien d'investigation criminelle (TIC) est dépêché sur place, à la recherche de la moindre empreinte, de la moindre trace. « On se serait cru dans une série des Experts, lance le bijoutier. Les gendarmes avaient revêtu leur combinaison de cosmonaute. Ils avaient des lumières violettes dans les mains. Pendant deux heures, je ne pouvais plus entrer dans ma bijouterie. »
D'après les premiers éléments de l'enquête dirigée par la brigade de recherche de Vitry-le-François, le casse aurait été commis par des professionnels. « L'équipe était visiblement bien rodée », estime le commandant Martin. Des lames du rideau de fer ont été sorties de leur rail puis tirées. La porte d'entrée en verre de plusieurs millimètres d'épaisseur a été explosée, ainsi que toutes les vitrines qui se trouvaient à l'intérieur. Celles-ci ont été aspergées d'un produit particulier destiné vraisemblablement à faire disparaître toutes traces d'ADN. Le cambriolage n'aurait duré que quelques minutes.

La première fois en 32 ans
« J'avais exposé dans ma vitrine de beaux bijoux. Je pense que les cambrioleurs ont dû les repérer, déclare Alain Leat, spécialisé dans les bijoux haut de gamme et de luxe. Mais avant, je n'ai rien vu de particulier. » Coût estimé du préjudice : entre 200 000 et 300 000 euros.
Depuis 32 ans qu'il tient cette bijouterie, c'est la première fois qu'Alain Leat est dévalisé. « Il y a dix ans, des cambrioleurs avaient commencé à soulever le rideau. Des gendarmes passaient en patrouille au même moment. Dès qu'ils les ont vus, ils ont pris la fuite », se souvient-il. Selon certains experts, des trois bijouteries du centre-ville, elle demeurait la moins protégée. « Je ne pensais vraiment pas être un jour cambriolé la nuit. Statistiquement, dans 80 % des cas, les bijouteries sont braquées en plein jour, précise-t-il. Avec la crise, l'or vaut très cher et suscite des convoitises. Seuls les bijoutiers devraient pouvoir acheter ce métal précieux… »
Toute la journée, Alain Leat, sa femme et un membre de la famille ont nettoyé la bijouterie, ramassant les éclats de verre sur le sol. Ils ont ensuite vidé toutes les vitrines et rangé les bijoux restants dans des boîtes, avant de les déposer dans le coffre-fort d'une banque, le temps de sécuriser le magasin.
Les gendarmes, eux, ont commencé à visionner les images des caméras de vidéoprotection, installées par la Ville de Vitry-le-François. L'une d'elles se trouve à l'angle de la rue de la Tour et de la rue des Minimes…
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