Dans l’affaire du sergent Benjamin P. accusé par l’armée de désertion suite à la rupture de son contrat, le ministre de la Défense doit se prononcer d’ici la fin du mois. Le sergent P. comme nous le relations dans une précédente édition, s’était engagé dans l’armée de l’air en octobre 2008 pour cinq ans. Dépressif, il avait demandé à démissionner deux ans plus tard. Face au refus de ses supérieurs de le laisser partir, il avait quitté sa base aérienne d’Istres en juillet 2011, soit deux ans avant la fin de son contrat. Depuis, ce jeune Lyonnais est recherché pour désertion et se bat pour retrouver son honneur. Son espoir : que le ministre de la Défense accepte la résiliation de son contrat.
C’est dans cet objectif qu’il a saisi la commission des recours des militaires. « C’est un dossier sensible et une situation pas banale, reconnaît le rapporteur de cette commission, militaire lui-même qui a instruit l’affaire. On ne comprend pas pourquoi il a agi ainsi. Car ce jeune bien apprécié, a, du jour au lendemain, voulu démissionner. » Pour la famille, la « cassure » de Benjamin avec l’armée serait due à un bizutage. Mais le jeune homme refuse d’évoquer le sujet. Tout juste a-t-il reconnu devant son père « avoir été coincé par des collègues ». « C’est à son arrivée au groupe Mirage à la base aérienne qu’un fait est survenu, raconte son père. Ensuite, Benjamin est devenu taciturne. Mais il a honte d’en parler ».
Le rapporteur de la commission a enquêté sur ce bizutage auprès de la base aérienne d’Istres et de l’inspection générale de l’armée de l’air. Et il est formel : « L’armée de l’air a fait le ménage il y a quelques années pour que ces pratiques n’existent plus. Rien dans le dossier ne permet d’affirmer qu’il y a eu un bizutage ou qu’il a été maltraité ». Faux, rétorque le père de Benjamin : « Mon fils a été muté quelques mois après au groupe Boeing. Il était bien noté, pourquoi l’aurait-on affecté ailleurs s’il n’y avait pas eu un incident ? ».
Contacté par Le Progrès, le cabinet du ministre de la Défense émet également des doutes sur cette hypothèse : « Pour qu’on en tienne compte, il faut qu’il y ait un dépôt de plainte. »
Autre grief de l’armée : pourquoi ce militaire n’a-t-il pas accepté un congé de reconversion ? « On ne lui a, bien sûr, jamais proposé un tel dispositif, rétorque le père de Benjamin. Pendant six mois, on l’a baladé de bureau en bureau en lui disant qu’il était impossible qu’il parte ! ». La balle est aujourd’hui dans le camp du conseiller « armée de l’air » du ministre de la Défense. Le choix ne sera pas simple car la commission a rendu un avis opposé à celui de son rapporteur. Le ministre va-t-il agréer le recours ou le refuser ? Affaire à suivre.
http://www.leprogres.fr/rhone/2012/01/11/desertion-d-un-jeune-lyonnais-le-ministre-de-la-defense-va-trancher-prochainement
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