Il s’était exilé à l’autre bout du monde. Sur une île paradisiaque en Malaisie après des virées en Thaïlande et en Egypte. Ludovic Pierrefeu, l’ex-petit ami de Marine Boisseranc mis en examen samedi pour homicide volontaire et écroué à la maison d’arrêt de Villefranche, avait voulu tourner la page. Globe-trotter et moniteur de plongée en mer de Chine depuis l’épouvantable drame de Chazay-d’Azergues, la réalité l’a rattrapé de plein fouet à quelques jours de Noël. « Mon fils avait vu sur la page Facebook du suspect qu’il rentrait en France pour les fêtes. J’en ai informé la juge d’instruction », indique Eric Boisseranc, le père de Marine, la jeune fille tuée de douze coups de couteau le 11 octobre 2005. Perturbé par les événements, le jeune homme de 26 ans était parti de France en juillet 2006. Il passe par Djibouti, la Birmanie, le Laos avant de s’installer en Malaisie. Le jeune homme avait-il le mal du pays ? A-t-il eu vent des remous provoqués par l’affaire ? Voulait-il tout simplement passer Noël en famille après une si longue absence ? Difficile d’imaginer qu’il se soit tenu à l’écart du crime de Chazay.
Selon le père de Marine, Ludovic Pierrefeu aurait décidé de revenir en France au mois de septembre, bien avant le dernier rebondissement de ce dossier. En octobre, la famille de la jeune fille s’était plainte qu’un témoignage de deux collégiens ayant aperçu un joggeur en fuite à proximité du lieu du crime, n’ait pas été exploité. Le Progrès s’en était fait l’écho et Jacques Pradel y avait consacré une émission sur RTL. En novembre, la juge d’instruction Anaïs Petiot a entendu la requête des parties civiles qui réclamaient une audition des deux jeunes témoins et une confrontation avec l’homme aperçu. Mais cette audition n’a pas encore eu lieu et ce n’est donc pas ce témoignage qui a pu motiver la mise en examen du suspect. Sur quoi se base la justice pour incarcérer un jeune homme qui avait déjà été placé en garde à vue par les gendarmes puis relâché, aucune charge n’ayant pu alors être retenue contre lui ? Le procureur de la République de Villefranche a publié un communiqué hier : « En considération des indices concordants rendant vraisemblable qu’il ait pu participer comme auteur à la commission du crime, suite aux résultats des investigations poursuivies postérieurement à ses auditions initiales et alors que l’exploitation des autres pistes possibles n’avait abouti à aucun résultat probant, le magistrat instructeur a mis en examen Ludovic Pierrefeu du chef d’homicide volontaire » explique Olivier Etienne.
« (...) L’information judiciaire se poursuivra au cours des mois à venir par des interrogatoires du mis en examen et par les investigations obligatoires sur sa personnalité (...) M. Pierrefeu a nié les faits qui lui sont reprochés et bénéficie de la présomption d’innocence » a ajouté le procureur.
La nouvelle de son arrestation a été accueillie avec « soulagement » par la famille de la victime qui préfère pour l’heure rester « prudente ». « Nous avons toujours privilégié la piste d’un proche et jamais cru à celle de Moitoiret ou d’un rôdeur, souligne Maître Portejoie, l’avocat des Boisseranc. Ce crime était un geste passionnel qui ne pouvait s’expliquer que par la proximité avec la victime ». Cinq ans après le meurtre, en août 2010, les parties civiles avaient relancé la justice, souhaitant des éclaircissements sur des zones d’ombre liées à l’emploi du temps du mis en examen. Le 11 octobre 2005, le suspect n’avait pas cours l’après-midi. Il avait fait du sport dans une salle puis était retourné au domicile parental avant de sortir acheter des magazines dans une galerie marchande de Villefranche. Obtenir des éclaircissements sur cet emploi du temps, c’est ce que souhaitent aujourd’hui les parties civiles.
http://www.leprogres.fr/rhone/2011/12/20/meurtre-de-marine-l-ex-petit-ami-etait-surveille-grace-a-facebook
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