Une enquête criminelle est menée par les autorités péruviennes. Le Cnac, dont il avait été l'un des plus brillants élèves, lui rendra un hommage interne le 4 janvier.
«FABRICE était un battant qui ne se plaignait jamais », se souvient l'une de ses connaissances au Centre national des arts du cirque (Cnac) de Châlons. Décrit comme un artiste particulièrement doué, le trapéziste Fabrice Champion a trouvé la mort à la fin du mois de novembre, au Pérou, à l'âge de 39 ans. Il avait fait partie de l'une des premières promotions du Cnac, en 1991.
Les étudiants châlonnais le voyaient d'ailleurs régulièrement, puisqu'il intervenait toujours dans cet enseignement d'excellence. Il avait été membre du collectif fondateur de la compagnie Les Arts Sauts, dont le succès est devenu mondial, jusqu'en 2007, lorsque les artistes décidèrent de mettre fin à l'aventure. Ces trapézistes, devenus par leur passion de véritables hommes volants, avaient repoussé très loin les frontières de la discipline. Fabrice Champion est devenu tétraplégique en 2004, après avoir percuté son partenaire pendant une répétition.
Possible overdose d'ayahuasca
« L'accident avait décuplé sa force morale, souligne l'une des représentantes du Cnac, et voir qu'il pouvait encore transmettre le rendait heureux. Il avait même un projet de portique géant sur un bateau ». Il répétait depuis un an son nouveau spectacle à Paris, baptisé Nos Limites.
Fabrice Champion était devenu bouddhiste. Les membres du groupe de méditation Shambhala lui ont rendu hommage. Cet artiste hors norme s'était rendu au Pérou le mois dernier, seul, sur son fauteuil roulant. Un voyage long et éprouvant qui l'a conduit jusqu'à une auberge baptisée L'Esprit de l'Anaconda, située en pleine jungle amazonienne, le 23 novembre. Passionné par le chamanisme, Fabrice Champion souhaitait apparemment s'en remettre aux soins des Amérindiens Shipibo.
Selon le quotidien péruvien La Republica, il a été retrouvé sans vie deux jours plus tard dans l'établissement. Les enquêteurs ont découvert, sur place, des bouteilles contenant un breuvage préparé à l'aide d'une plante hallucinogène, l'ayahuasca, utilisé pendant les séances de chamanisme. Pour les Shipibo, l'ayahuasca permet « d'ouvrir l'esprit » et d'atteindre un « état de conscience supérieure ». Telle est du moins la présentation qu'en fait le propriétaire des lieux. De nombreuses adresses locales ont transformé cette pratique en une affaire très rentable auprès des touristes occidentaux.
Les autorités péruviennes ont formulé l'hypothèse d'une overdose d'ayahuasca, sans toutefois écarter la piste d'un mélange avec des médicaments. Le propriétaire de l'auberge, Guillermo Arévalo Valera, n'a pu donner, pour sa part, aucune explication pertinente sur la cause du décès. Le corps de l'artiste a été retrouvé étendu sur un matelas, la bouche ensanglantée, non loin des bouteilles contenant le dangereux produit. Sa dépouille a été enlevée en présence des agents de la Division de Criminalistica, une unité spécialisée dans les affaires criminelles. Le Ministère public péruvien a ordonné une autopsie, toujours selon La Republica.http://www.lunion.presse.fr/article/marne/le-trapeziste-decede-apres-une-seance-de-chamanisme
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