Furieux de s'être fait retirer son permis, un homme est revenu au commissariat de Reims armé d'un marteau. Il a tapé sur le comptoir et pulvérisé la télé de l'accueil tout en menaçant de mort les policiers.
LES ennuis continuent pour Yohann Van Waeyenberghe. Atteint d'un cancer de la thyroïde qu'il impute au passage du nuage radioactif de Tchernobyl, cet intérimaire de Reims aujourd'hui âgé de 43 ans avait attaqué l'Etat devant le tribunal administratif, fin 2009, pour qu'il soit reconnu responsable de sa maladie du fait des mensonges proférés à l'époque par les autorités françaises.
Alors défendu par l'avocat rémois Emmanuel Ludot, l'homme avait été débouté de sa demande (l'union des 9 et 23 octobre 2009). Deux ans après, il revient devant un tribunal, mais dans un tout autre registre, celui d'un prévenu jugé hier après-midi en comparution immédiate pour des violences commises avec un marteau à l'intérieur même du commissariat de Reims.
« Je vais vous fumer ! »
Mardi matin, lors d'un contrôle routier à Cormontreuil, Yohann Van Waeyenberghe apprend qu'il est sous le coup d'un retrait de son permis de conduire d'une durée de trois mois (la décision prise par le tribunal correctionnel à la suite d'une condamnation pour vol en 2009 est devenue exécutoire). Sur injonction des policiers, il les accompagne au commissariat pour les formalités, puis repart à pied jusqu'à sa voiture où l'attend quelqu'un. « J'ai ruminé en chemin », explique-t-il.
Grande souffrance psychologique
Dans sa voiture, il prend un marteau, plus précisément une massette de maçon, puis revient à l'hôtel de police. « Je voulais demander si je pouvais récupérer mon permis seulement le temps des vacances. »
C'est un homme très énervé qui arrive dans le hall. La policière de l'accueil lui demande de repasser quand il sera calmé. Soudain, c'est l'explosion. « Bande de bâtards ! En… de flics ! Je vais vous fumer ! », hurle-t-il en plongeant la main dans la ceinture de son pantalon.
L'espace d'un instant, la policière s'attend au pire. « J'ai cru qu'il allait sortir une arme à feu et que j'allais mourir. J'ai eu un flash, l'image de ma fille de trois ans, que je pensais ne plus jamais revoir. » Ce n'est pas une arme à feu qui apparaît mais le marteau. L'excité en donne un violent coup sur le comptoir. La policière a juste le temps de se jeter en arrière, en s'appuyant si violemment sur le bureau qu'elle se blesse à une main. Une collègue court s'emparer d'une bombe lacrymogène. Elle en asperge l'agresseur qui recule et bondit au milieu du hall, devant le public effrayé, pour pulvériser d'un coup de massette le téléviseur à écran plat suspendu au plafond. Quatre policiers lui sautent dessus pour le maîtriser. Il se débat en donnant des coups de pied dans les jambes. L'un des fonctionnaires est légèrement blessé à un genou.
« Je ne sais pas ce qui m'a pris », bredouille le prévenu. Son avocat, Me Simon Miravete, décrit une personne en grande souffrance psychologique dont la situation aurait été aggravée par les suites du procès intenté contre l'Etat « Il est tombé sur un avocat qui a médiatisé cette affaire. Ça a fait un gros flop et il s'est retrouvé seul avec sa maladie. »
L'homme est ressorti libre de l'audience. Le tribunal l'a condamné à un an de prison intégralement assorti d'un sursis avec mise à l'épreuve comprenant l'obligation de suivre des soins psychologiques et d'indemniser les victimes. Il devra verser 800 € à chacune des deux policières, 400 € au collègue blessé au genou
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/des-policiers-attaques-au-marteau-dans-le-hall-du-commissariat
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