Pour l'obliger à ne pas porter plainte, plusieurs membres d'une famille n'ont pas hésité à intimider sans ménagement leur voisine particulièrement vulnérable. Jusqu'à ce que les gendarmes interviennent et que la situation dégénère.
CHRISTIANE RICHARD s'enferme désormais chez elle à double tour. Cette Fismoise de 90 ans particulièrement vulnérable n'est pas près d'oublier, en effet, la frousse que lui ont procurée les événements survenus à son domicile du chemin du Breuil, jeudi, entre 17 heures et 17 h 30. « Si vous saviez comme j'ai eu peur », témoigne-t-elle, encore sous le choc.
Cette scène qui a tant effrayé la pauvre dame, de nombreux habitants de la commune y ont d'ailleurs assisté depuis le pont chevauchant les voies du réseau ferroviaire.
En contrebas, face à son domicile, tous ont pu y voir une vingtaine de gendarmes violemment pris à partie par une dizaine d'individus menaçants et outrageants. Il s'agissait en l'occurrence des voisins de la nonagénaire, membres d'une même famille de gens du voyage, sédentarisée à Fismes depuis plus de dix ans.
Tout a commencé aux alentours de 16 heures lorsque Bernard Richard est venu porter plainte à la gendarmerie locale pour un vol dont sa mère Christiane venait d'être victime un peu plus tôt dans la journée.
Le mis en cause, l'un des voisins de cette dernière, âgé de 18 ans, a alors été interpellé à son domicile avant d'être placé en garde à vue. « Je l'ai connu, il avait 5 ans », raconte la vieille dame. « Avant qu'il n'arrive chez moi, son frère, qui venait de sortir de prison quelques jours plus tôt, était passé me voir à la maison. J'avais partagé un billet de 20 euros avec lui. Deux heures plus tard, l'ayant sans doute appris, il est venu à son tour bavarder avec moi. Il a même regardé la télé. Et puis, au bout d'un moment, il s'est dirigé vers la commode, a pris le porte-monnaie que m'avait offert mon mari, un carnet d'adresses et il a disparu. Le temps que je me lève et que j'ouvre la porte, il était déjà parti. »
Mais tandis que le jeune niait le vol dans les locaux de la gendarmerie locale, une première confrontation avec des membres de sa famille n'a pas tardé à éclater chemin du Breuil, au moment où une patrouille se rendait sur les lieux des faits pour recueillir le témoignage de Christiane Richard. Passablement remontés, plusieurs individus ont, en l'occurrence, fait irruption pour faire pression sur la pauvre dame et l'obliger ainsi à ne pas porter plainte.
Cependant, au terme de vifs échanges entre les gendarmes et les membres de la famille, la situation a d'abord fini par s'apaiser. Jusqu'à ce que, profitant du départ des militaires, les voisins et quelques connaissances ne reviennent en nombre, le père de famille en tête.
Foire d'empoigne
Aussi, beaucoup plus virulents cette fois, une dizaine d'hommes, la plupart issus de la famille voisine, se sont-ils présentés devant la propriété de Christiane Richard. Menaçant, insultant, intimidant… L'un d'eux est même entré dans la cour, poussant cette dernière et son fils Bernard, paniqués et effrayés, à s'enfermer à l'intérieur. « Si vous saviez comme j'ai eu peur », ressasse-t-elle.
Alertée, la compagnie de gendarmerie de Reims a alors dépêché sur place une vingtaine d'hommes des brigades territoriales de Fismes, Gueux, Loivre ainsi que du peloton de surveillance et d'intervention (Psig) de Reims. Mais cette seconde confrontation a dégénéré, se transformant en quelques minutes en une véritable foire d'empoigne. Les actes de rébellion ont ainsi succédé aux insultes et aux menaces lors d'interpellations des plus houleuses au terme desquelles six hommes du même clan, dont le père de famille âgé de 55 ans (les autres étant âgés de 18 à 25 ans), ont été placés en garde à vue.
Cinq d'entre eux, dont quatre seront jugés ultérieurement, ont finalement été remis en liberté au bout de quelques heures. Le sixième, qui s'était introduit dans la cour de Mme Richard, a quant à lui été jugé dans le cadre d'une comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Reims, hier, en fin de journée, pour menaces, outrages, rébellion et violation de domicile. Il a été relaxé, le tribunal ayant estimé insuffisants les éléments à charge. Quant au voleur présumé par qui tout a commencé, il a été laissé libre sans poursuites à l'issue de sa garde à vue.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/fismes-une-vingtaine-de-gendarmes-mobilises-une-famille-terrorise-une-mamie-de-90-ans
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