Un salarié d'une entreprise de transport pour personnes handicapées est formellement accusé par quatre de ses « clientes » atteintes de déficiences physiques et mentales de viol et d'agressions sexuelles. Celui-ci clame son innocence en dépit d'éléments suspects et doit être déféré ce matin au parquet de Reims.
PLUTÔT trapu, le crâne dégarni, Stéphane Bruneau, un homme marié de 44 ans, pourrait passer au-dessus de tout soupçon. Chauffeur de taxi pour le compte d'une société marnaise, il a d'ailleurs dû montrer patte blanche pour décrocher son emploi qui l'a conduit jusque-là à effectuer chaque jour le transport sanitaire de personnes handicapées particulièrement vulnérables et dépendantes. Un emploi fortement réglementé qui n'autorise en effet aucun écart de conduite et nécessite obligatoirement un casier judiciaire vierge.
Pourtant, depuis lundi matin, celui-ci est entendu par les gendarmes de la brigade territoriale d'Aÿ au sujet d'un certain nombre de gestes à caractère sexuel dont l'accusent quatre de ses passagères régulières, dont une veuve de 72 ans, handicapée physique, ainsi que trois femmes atteintes d'un fort handicap mental, âgées de 31 et 37 ans.
Les gendarmes sont venus le cueillir lundi, vers 9 heures du matin, à son domicile situé au 1 de la route de Cumières, à Hautvillers, qu'il partage depuis un an environ avec sa femme, infirmière hospitalière de profession. Aussitôt placé en garde à vue, laquelle a été prolongée de 24 heures, il doit être désormais déféré ce matin au parquet de Reims, devant le vice-procureur de la République, Laurent de Caigny, qui devrait le poursuivre pour viol et agressions sexuelles aggravés. Il est fort probable qu'une information judiciaire soit ouverte à son encontre.
« Il est innocent et ce sera prouvé »
Les faits qui lui sont aujourd'hui reprochés ont été portés à la connaissance des gendarmes au cours du mois de mai, peu de temps après un viol qu'il aurait commis sur l'une de ses passagères, atteinte d'un handicap mental. La victime, vivant à Hautvillers, à quelques centaines de mètres d'ailleurs de son domicile, s'est alors confiée à sa tutrice qui l'a encouragée à porter plainte. A la brigade territoriale d'Aÿ, la pauvre femme a en l'occurrence raconté qu'à l'occasion d'un de ces transports sanitaires, Stéphane Bruneau se serait arrêté sur la route, sur le secteur d'Hautvillers, avant de lui imposer, muni d'un préservatif, un rapport sexuel.
Cependant, malgré la gravité des faits rapportés, le parquet de Reims n'en a pas moins décidé d'user de la plus grande prudence, préférant engager la procédure la plus rigoureuse possible en raison du profil de la victime et de son handicap, avant d'en interpeller l'auteur présumé. Des examens psychiatriques ont ainsi été pratiqués sur la jeune femme, de même que des examens médicaux. De nombreux éléments techniques ont été vérifiés, en particulier sur des vêtements et des objets sur lesquels des traces ont été relevées. Les gendarmes ont également saisi un certain nombre de données informatiques auprès de son employeur dont les véhicules sont équipés d'un système de géolocalisation très pointu permettant de retracer les trajets établis à la minute près.
Mais surtout, les gendarmes ont eu la mauvaise surprise, au cours de leur enquête d'environnement, de découvrir l'existence de trois autres victimes, ne se connaissant pas entre elles, qui auraient subi de la part du chauffeur de taxi des agressions sexuelles, notamment des attouchements sur les fesses et sur les seins, lors de transports effectués entre Reims et Epernay, entre les mois de septembre et d'octobre 2010.
Des allégations à leur tour scrupuleusement vérifiées qui ont conduit les gendarmes, au regard d'éléments suspects suffisants, à interpeller Stéphane Bruneau, lundi matin, à son domicile.
Celui-ci, néanmoins, ne manque pas, depuis, de clamer son innocence. Tout comme sa femme, rencontrée hier après-midi devant le domicile conjugal alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre son lieu de travail : « Pour moi, il est innocent et ce sera prouvé, déclare-t-elle. Je sais des choses que je ne dirai pas. On verra ce que conclura l'enquête ». Une enquête qui devrait désormais se poursuivre sous l'égide d'un juge d'instruction et qui, le cas échéant, devrait s'attacher, entre autres, à déterminer l'existence éventuelle d'autres faits ou d'autres victimes. En attendant, il n'est pas exclu que Stéphane Bruneau soit placé, dès aujourd'hui, en détention provisoire.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/un-chauffeur-de-taxi-suspecte-de-viol-et-dagressions-sexuelles
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