Samedi à 22h30, chez elle à Orléans, Gwendolinela fille de Corinne Guimarho, a reçu le coup de téléphone qu'elle craignait tant. Celui des gendarmes de Sarlat lui annonçant la mort de sa mère, disparue depuis le 21 mars et retrouvée dans sa Jaguar verte quelques heures plus tôt, au fond d'un étang communal du Sarladais, à Saint-Crépin-et-Carlucet, près de Salignac-Eyvigues. « Tant qu'on ne vous dit pas que c'est terminé, vous avez toujours un petit espoir. Là, tout s'écroule », témoignait hier la jeune femme, abattue.
D'autant que sa mère avait été aperçue début avril à Sarlat et que les gendarmes, qui avaient placé son téléphone sur écoute, avait eu des signes de vie. « Peut-être qu'elle fuit, je ne sais pas », s'interrogeait Gwendoline dans les premiers jours suivant la disparition. Fuir qui ? Fuir quoi ? Seule certitude, la « prof » de fitness devait comparaître prochainement devant le tribunal de Bergerac pour une affaire liée à un garage de voitures de luxe qu'elle gérait avec son ex-compagnon.
Le renfort de plongeurs
Le corps de Corinne Guimarho (50 ans) a été transféré hier matin à Bordeaux où une autopsie sera pratiquée aujourd'hui. Ce sont des jeunes qui pique-niquaient qui ont donné l'alerte samedi en début d'après-midi. Les gendarmes de Sarlat ont aussitôt reçu le renfort de la brigade nautique d'Arcachon. « Son identité ne fait pas de doute, malheureusement. Le corps correspond aux signalements de Corinne, raconte son père Alain, prévenu tard samedi soir. Et il s'agit bien de sa Jaguar verte, les plaques minéralogiques ont été vérifiées. »
Le procureur de Bergerac ne souhaite pour le moment pas s'exprimer sur cette affaire, mais il semblerait, d'après nos informations, que le décès remonte à deux semaines. « Ce que je trouve étrange, c'est qu'elle a disparu depuis six semaines, et qu'elle serait morte depuis deux semaines », s'étonne Gwendoline, obligée de penser à la thèse du suicide. « Ma mère était fragile et elle avait déjà fait des tentatives désespérées, mais c'était visible. C'étaient des appels au secours. Là, c'est différent. » En effet, l'étang communal où Corinne Guimarho a été repêchée, appelé étang de la Bite, est plutôt bien caché. Il faut même emprunter un chemin rocailleux sur 1 kilomètre pour l'atteindre.
« On était morts de peur »
Hier, à 17 heures, l'endroit était paisible. Un calme seulement contredit par un ruban de protection rouge et blanc. Deux couples pêchaient, l'un d'eux avait pris position tôt dans la matinée et avait fait une drôle de rencontre. « J'en ai encore la trouille, on n'a rien avalé de la journée, commence l'homme, presque tremblant. On était là avec ma femme et un homme en scooter est arrivé. Il était environ 8 h 30. Il s'est mis à genoux au bord de l'étang, s'est mis à prier, puis à crier. On était morts de peur. Il s'est dirigé vers nous, j'ai pris mon petit couteau que je ne garde jamais loin, sait-on jamais, et il nous a parlé. Il était dans un état second, tellement que j'ai cru qu'il allait sortir un pistolet et se tirer une balle. Je peux vous dire qu'on est traumatisé. » Sa femme allume une cigarette : « ''Elle a été assassinée, elle a été assassinée", nous a-t-il dit. »
Le samedi précédent, le couple se baladait autour du lac et avait vu « quelque chose dans l'eau », à l'endroit même où a été sortie la voiture. « Je pensais que c'était une table ou un truc dans le genre. Vous imaginez, on est passés juste à côté d'elle, ça fait froid dans le dos », reprend l'homme, montrant les traces de remorquage au bord de l'eau. « Regardez, il y a aussi des bouts de verre, ils ont dû casser une vitre pour extraire le corps », imagine-t-il avant de ranger ses cannes et quitter les lieux. Pas sûr qu'il y revienne un jour
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